Depuis le 12 novembre et pour un mois, un autocar roulant au marc de raisin est testé sur la ligne Dax – Mont-de-Marsan. Il parcourra 350 km par jour, en conditions réelles d’utilisation.
Un autocar d’une soixantaine de places, biocarburant au marc de raisin, sera testé durant un mois par la Région Nouvelle-Aquitaine, la Régie régionale des transports landais et la SPL Trans-Landes sur la ligne Dax – Mont-de-Marsan. Fabriqué par Scania, le bioéthanol avancé est produit par Raisinor France en Nouvelle-Aquitaine.
Avec une flotte véhicules de 250 autocars et autobus, la Régie et la SPL testent des carburants alternatifs. Deux expérimentations ont déjà été menées : en novembre 2017, un car alimenté avec de l’ED95 circulait déjà entre Bordeaux et Blaye ; en avril 2018, un car électrique reliait La Rochelle à l’île de Ré. Selon les orientations stratégiques retenues à l’issue des phases expérimentales, dès 2020, le plan de renouvellement de la flotte intégrera l’achat de véhicules équipés pour l’ED95, le BioGNV ou des bus à batteries.
Un carburant renouvelable
L’E85 est une essence contenant jusqu’à 85% de bioéthanol. L’ED95 va encore plus loin. Il s’agit d’un biocarburant composé à 95 % de bioéthanol et de 5 % d’additif non pétrolier, homologué en France en 2016. La différence ? Ici, le bioéthanol ne provient pas de la canne à sucre ou de la betterave sucrière, mais de la distillation de résidus de viniques. En clair, il s’agit de marcs de raisin, de lies de vin, donc de peaux et de pépins de raisins. Ce biocarburant avancé valorise, dès lors, un déchet agricole qui n’avait jusqu’ici pas de débouchés économiques. Il ne concurrence donc pas les productions alimentaires.
L’analyse de cycle de vie de ce carburant a été mené dès 2013. L’indicateur rendant compte du changement climatique permet d’évaluer les gaz à effet de serre émis lors du procédé de transformation, mais également lors de la fabrication des intrants de procédé (gaz naturel, électricité, intrants, etc.). Selon cet indicateur, utiliser le carburant ED95 permet une réduction de 85 % des émissions de gaz à effet de serre et de 50 % d’oxydes d’azote (Nox) en comparaison du diesel conventionnel. La différence d’émissions s’explique par le fait que les deux carburants émettent du CO2 comptabilisé différemment. Pour l’ED95, le CO2 est dit « biogénique », c’est-à-dire issu du végétal et n’est pas comptabilisé dans l’indicateur de changement climatique. En revanche, pour le diesel fossile, le CO2 est d’origine fossile et est comptabilisé.
Un produit local, aux avantages fiscaux
Le bioéthanol est ici un produit local. Produit par la société coopérative Raisinor France, le marc de raisin est collecté sur des rayons de 50 à 200 km autour des distilleries. De plus l’usine est ici proche de la ligne de cars concernée. Toutefois, si l’E85 est déjà distribué dans plus de 1 000 stations en France, l’ED95 est pour le moment réservé uniquement aux entreprises de transport possédant leur cuve de carburant. Les capacités de production situées entre 25 000 et 30 000 m3 par an ne pourront alimenter que de 1 500 à 2 000 véhicules.
Il faut rappeler qu’un bus roulant au bioéthanol consomme entre 10 % et 60 % de carburant en plus qu’un bus classique. Toutefois, L’ED95 est peu coûteux à produire et a obtenu les avantages fiscaux liés aux carburants renouvelables. « Nous garantissons un tarif de 0,85 euro par litre au moins sur les cinq prochaines années », a affirmé Jérôme Budua, le directeur général de Raisinor France, à l’AFP. Dans ces conditions, il reste attractif pour les collectivités gestionnaires des transports publics et les compagnies de transport, dans le contexte de hausse de prix des carburants.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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