Ce week-end le premier terminal laser du système européen de relais de données (EDRS) a été lancé. Une petite révolution dans les télécommunications par satellite en Europe puisque ce système pourra relayer des données utilisateurs en temps quasi-réel avec un débit de 1,8 Gbit/s.
EDRS (European Data Relay System) ou encore de son petit nom SpaceDataHighway (« autoroute des données spatiales »), est un programme de télécommunication entrepris par l’Agence spatiale européenne (ESA) qui vise à fournir un accès en temps réel aux données satellitaires – notamment d’observation de la terre. EDRS repose sur un partenariat public-privé entre l’ESA et Airbus Defence and Space. Sa mise en service devrait permettre d’améliorer le temps de réaction nécessaire pour réaliser de nombreuses opérations de sécurité et de sauvetage, particulièrement dans le domaine maritime et fournira à l’Europe une meilleure indépendance vis-à-vis des stations au sol hors de son territoire.
Un relais pour les satellites en orbite basse
Le principe du système EDRS est de relayer les données des satellites en orbites basses vers la terre en temps quasi-réel. En effet, l’inconvénient des satellites en orbite basse est qu’ils doivent être visibles depuis le sol pour pouvoir envoyer leurs informations. Sur 100 minutes nécessaires à leur orbite, les satellites ne peuvent communiquer que 10 minutes.
L’ensemble des satellites EDRS, grâce à des positions géostationnaires, pourront recevoir ces informations presque en continu et les relayer directement au sol. La mise en place de ce relais devrait en outre participer à la décongestion des radiofréquences traditionnelles des satellites qui commencent à être encombrées.
Une technologie laser de pointe
Les liaisons optiques semblent être le futur des communications par satellites : capables de connecter des systèmes sur de très longues distances, de manière plus fiable que les ondes radio et avec une quantité de données bien plus importantes.
Les satellites EDRS pourront communiquer avec les satellites d’observations de la Terre, mais aussi des avions ou drones de surveillance soit par laser soit par radiofréquence (bande Ka – 400 MHz jusqu’à 300MBit/s) et par laser avec des stations au sol installées en Allemagne, en Belgique et au Royaume-Uni avec un débit de 1,8GBit/s. Le laser a été fabriqué par l’entreprise allemande TESAT et financé par l’agence spatiale allemande (DLR). Il peut verrouiller une cible de 135 mm de diamètre jusqu’à 45 000 km de distance en moins de 1 minute. La capacité de transmission est évolutive et peut être augmentée jusqu’à 7,2 Gbit/s. Ce premier réseau de transmission de données laser inter-orbital relaiera à terme quelque 50TBit de données par jour.
Quelle est la suite du programme ?
Dans les semaines qui viennent, les premiers essais de liaisons seront effectués avec les premiers clients d’EDRS : les satellites Sentinelles du programme Copernicus de la Commission européenne. Le démarrage de l’exploitation réelle est prévu pour l’été 2016. Il est déjà prévu que la Station spatiale internationale bénéficie du service de relais de données à partir de 2018. Le système sera complété l’année prochaine par la mise en orbite du deuxième nœud, un satellite dédié baptisé EDRS-C qui sera lui-aussi géostationnaire au-dessus de l’Europe. Un troisième nœud devrait compléter le système en 2020, doublant la couverture grâce à sa situation au-dessus de la région Asie-Pacifique.
Sophie Hoguin
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