EcoAct développe une méthodologie pour proposer un programme de compensation carbone en France métropolitaine via le financement de la conservation des herbiers marins. Un premier projet pilote, unique en France, sera déployé sur les herbiers de Posidonie du Parc national des Calanques.
Outre de nombreux services écosystémiques, les herbiers marins stockeraient de 3 à 5 fois plus de carbone qu’une forêt tropicale et de 7 à 10 fois plus qu’une forêt française de feuillus, selon EcoAct. Mais leur surface diminue rapidement dans le parc national des Calanques. Alors, EcoAct, société du groupe Atos, s’est associée à Interxion, Schneider Electric France et le Parc national des Calanques pour créer la première méthodologie dédiée à la protection des herbiers marins. Elle permettra la certification de projets bas-carbone en France via le label bas-carbone, créé par le ministère de la Transition écologique et solidaire.
Un projet pilote dans le Parc national des Calanques
Un premier projet pilote, unique en France, sera déployé sur les herbiers de Posidonie du Parc national des Calanques. François Bland, directeur du Parc national des Calanques, témoigne de la complexité des enjeux dans un territoire très occupé. « C’est un hot spot de biodiversité, avec une biodiversité soumise à de fortes pressions. Elles peuvent être liées aux pollutions, aux feux de forêts, à l’artificialisation, mais aussi à une fréquentation extrêmement forte par le public », explique-t-il.
Le Parc national est « un territoire de défi et un territoire de solutions ». Dans ce cadre, les herbiers de Posidonie représentent un écosystème majeur à protéger pour la Méditerranée et les espaces marins côtiers. « Ce sont des zones de nourriceries et de reproduction pour la faune marine. Ce sont des zones de production halieutique : 30 à 40 % des prises de pêche en Méditerranée sont liées à l’existence de ces herbiers. Ces zones contribuent aussi à la stabilisation du littoral. Et elles permettent la séquestration durable du carbone dans les racines ou les rhizomes de cette plante marine ». Mais les ancrages et le mouillage des plaisanciers accélèrent leur destruction.
Une méthodologie à construire d’ici 2022
EcoAct est en charge de définir une méthodologie globale qui puisse s’appliquer aux deux principaux herbiers que l’on trouve en France : les herbiers de Posidonie et la zostère marine. Cette méthodologie sera soumise à validation de la Direction générale de l’Énergie et du Climat (DGEC) du ministère de la Transition écologique et solidaire (MTES) dans le cadre du dispositif Label bas-carbone. Objectif : déployer les premiers projets pilotes en 2022.
Avant tout, l’entreprise doit synthétiser la littérature scientifique et technique autour de la dynamique carbone des herbiers et créer un outil de calcul carbone. Ensuite, la méthodologie devra retenir les critères d’éligibilité des projets et les vérifications que devront faire les auditeurs. Elle devra proposer les méthodologies de calculs, le prix de la tonne de CO2 et les bénéfices attendus.
« Pour les Calanques, nous avons estimé que nous pourrions compenser jusqu’à 10 000 tonnes de CO2 équivalent par an sur 20 ou 25 ans, le travail à venir permettra d’affiner cette évaluation, ajoute Roman de Rafael, responsable du développement de projet basés sur la nature chez EcoAct. Dans le label bas-carbone, on est entre 30 et 60 euros la tonne de carbone en fonction des projets : c’est beaucoup plus élevé que la compensation carbone sur des projets mangrove, qui peuvent tourner à 10 dollars la tonne. »
Le label bas-carbone pour compenser les émissions au niveau local
Le label bas-carbone est un outil qui flèche des financements additionnels dans les territoires via la compensation volontaire. Avec les différents projets proposés par le ministère, l’idée est plutôt de compenser les émissions en France au lieu de financer des projets à l’autre bout de la planète. « On a une action de conservation locale : l’objectif est d’arriver à une bulle de protection autour de ces écosystèmes grâce au financement carbone, prévient Roman de Rafael. Un autre objectif sera de tester aussi la restauration, avec un repiquage des herbiers, même si cela n’a pas été très concluant jusqu’à présent dans le parc des Calanques pour la Posidonie. »
Concrètement, quelle forme prendra la protection ? Roman de Rafael détaille : « Le parc des Calanques a le savoir-faire : il s’agit de créer des zones de mouillage, de mettre en place des bouées auxquelles s’accrochent les bateaux de plaisance au lieu de jeter leurs ancres dans les fonds marins. C’est aussi payer des gardes côtiers qui vont faire le tour des zones pour veiller à la mise en place du bon ancrage. »
En plus du parc national des Calanques, le projet cherche au moins deux autres cas pilotes à lancer une fois la méthodologie prête. EcoAct serait notamment en discussion avec le Morbihan et La Rochelle. « Nous voulons développer la méthodologie avec des écosystèmes qui couvrent toute la façade côtière métropolitaine, précise Roman de Rafael. Il faut avoir le territoire avec nous dès le départ pour enclencher la dynamique et fonder le travail sur une réalité territoriale. »
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