Comme en écho aux très nombreuses crispations entourant tout ce qui touche de près ou de loin au nucléaire – en particulier au Japon, qui bataille toujours ferme pour essayer de pacifier la situation à Fukushima, plus de deux ans et demi après la catastrophe nucléaire de mars 2011 – le géant nippon Kyocera a inauguré en début de semaine dernière la plus grande centrale solaire photovoltaïque du pays, la « Kagoshima Nanatsujima Mega Solar Plant ». Les chiffres peuvent déjà donner quelque peu le tournis : constituée de 290 000 panneaux solaires répartis sur près d’1,27 million de mètres carré, la centrale de Kagoshima Nanatsujima devrait pouvoir générer une puissance de 70 mégawatts, capable d’alimenter en électricité environ 22000 foyers, une véritable première pour une installation de cette ampleur au Japon.
« Feed-in Tariff », ou comment promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables
Pour promouvoir l’utilisation des énergies renouvelables ainsi que pour en favoriser l’adoption, le gouvernement japonais a lancé l’année dernière un programme de type « feed-in tariff » : les compagnies d’électricité sont tenues d’acheter de l’électricité renouvelable, quel qu’en soit le fournisseur, avec un prix d’achat indexé sur le coût de production. Instaurer un tel programme avec tarif de rachat permet évidemment d’assurer la rentabilité d’un projet – qu’il soit éolien, géothermique, hydroélectrique, solaire, etc… – tout en revoyant les prix à la baisse lorsque l’installation est amortie et que le coût global diminue, ou pour suivre les développements technologiques.
Ici, la Kyushu Electric Power Co. Inc devra acheter l’intégralité de l’électricité produite par la centrale solaire (gérée par un conglomérat de sept sociétés menées par la Kyocera Corporation, baptisé Kagoshima Mega Solar Power Corporation), et ce pendant au moins vingt ans.
« Amélioration de la société à travers un nouveau type de production d’énergie »
La ville de Kagoshima, capitale de la préfecture de Kagoshima, sur l’île de Kyushu (au sud-ouest de l’archipel), bénéficie de conditions météorologiques relativement clémentes pour le Japon, faisant d’elle l’endroit rêvé pour l’installation d’une structure de cette taille. Lors de l’inauguration lundi dernier, Nobuo Kitamura, le président de l’opérateur de la centrale a rendu un hommage vibrant à l’histoire du lieu, allant jusqu’à convoquer dans son discours les samouraïs ayant défié l’ancien ordre établi au XIXe siècle afin de réformer le pays, comme pour mieux souligner cet élan vers « un nouveau développement et une amélioration de la société à travers un nouveau type de production d’énergie ».
La catastrophe de Fukushima a bouleversé l’échiquier énergétique japonais en obligeant le gouvernement à repenser les modes de production, afin de remplacer rapidement la part du nucléaire dans la production d’électricité (près de 30 % avant la catastrophe), en misant sur des installations du même genre que la centrale solaire photovoltaïque de Kagoshima, ou encore sur l’énergie éolienne offshore.
Par Moonzur Rahman
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Le Japon et les énergies renouvelables
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