Le projet porté par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne est ambitieux. Il s’agit rien de moins que de fabriquer le premier cerveau humain numérique. Alors certes, cela sera un cerveau virtuel, mais les connaissances apportées dans le domaine des neurosciences et de la santé seront bien réelles.
Le Human Brain Project (HBP) va rassembler toutes les connaissances actuelles sur le cerveau humain afin de le reconstituer dans des modèles de simulation numériques. Evidemment, un projet d’une telle envergure fait appel à la communauté scientifique large, l’ensemble des pays européens contribuant via leurs meilleures structures. Ce sont 80 institutions de recherche qui vont collaborer sur une période de dix ans. La France participe en gérant trois axes : théorie des réseaux neuronaux (Alain Destexhe, CNRS), neurosciences cognitives (Stanislas Dehaene, Collège de France, Inserm, CEA), et aspects éthiques (Jean-Pierre Changeux, Collège de France, Institut Pasteur).
Institut Européen des Neurosciences Théoriques
Un Institut Européen des Neurosciences Théoriques sera créé exprès pour coordonner les différentes théories suggérées pour expliquer la dynamique du cerveau, les processus cognitifs et même ce qu’est la conscience. En effet, ce sont chaque années des dizaines de milliers d’articles qui sont publiés, chacun expliquant une fraction des fonctions du cerveau, que ce soit la compréhension du rôle d’un gène, du comportement électrique des neurones ou encore des maladies neurologiques. Toutes ces données doivent être assimilées, digérées et compilées par une seule entité, qui ne peut pas être humaine au vu de la masse de données. La totalité des informations récoltées alimenteront les modèles de simulations élaborés par les mathématiciens et informaticiens du HBP. Ces derniers pourront compter sur le supercalculateur Blue Gene de Lausanne.
Questions éthiques
Si certains détracteurs craignent que le HBP ne débouche sur la création d’une conscience artificielle, ce qui pourrait poser de nombreux problèmes éthiques, le corps médical espère quand à lui des découvertes décisives sur les maladies neurologiques et l’émergence de nouveaux traitements. Mais nous n’en sommes pas là. Pour l’instant, le fait d’avoir été choisi comme l’un des deux FET Flagships (projets phares) de l’Union Européenne va doter l’Europe d’un outil inégalé pour enfin lever le voile sur le fonctionnement de notre cerveau et ses 100 milliards de neurones.
Par Audrey Loubens
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