La province indienne du Gujarat, sous l'impulsion de son ministre délégué, Narendra Modi, s'est fixé l'objectif ambitieux de devenir un leader mondial dans l'énergie des courants et les énergies renouvelables propres en général (le plus grand parc solaire du monde est déjà en projet dans cette province du Gujarat). Pour cela, elle a fait appel au britannique Atlantis Resources Corporation. Explications.
La province indienne du Gujarat, sous l’impulsion de son ministre délégué, Narendra Modi, s’est fixé l’objectif ambitieux de devenir un leader mondial dans l’énergie des courants et les énergies renouvelables propres en général (le plus grand parc solaire du monde est déjà en projet dans cette province du Gujarat). Pour cela, elle a fait appel au britannique Atlantis Resources Corporation.Comme à tout grand dessein, il faut un début, c’est vers le britannique Atlantis Resources Corporation que le ministre Narendra Modi s’est tourné pour aider l’Inde à pénétrer cette technologie et pour mener une étude de sites dans le Golfe de Kutch et le Golfe de Khambhat (Mer d’Oman, voir carte ci-dessous).Cette étude est préliminaire à une étude de faisabilité économique et technique plus vaste. L’intention est de produire plus de 100 MW d’électricité à partir de l’énergie des courants dans l’État du Gujarat, soit de quoi alimenter, selon le constructeur Atlantis, 40.000 foyers. Cette réalisation nécessitera des centaines de millions de dollars d’investissements aussi bien dans la fabrication des turbines hydroliennes que dans la mise en place des infrastructures associées pour produire et acheminer l’électricité et elle est présentée comme fortement créatrice d’emplois locaux.S’il se réalise, ce projet représenteraitle tout premier projet d’énergie marine dans le sous-continent indien. Il faut rappeler ici que l’Inde, qui compte plus de 7.200 kilomètres de façades maritimes importe aujourd’hui plus de 70 % de son pétrole et ne peut compter que sur une petite production locale de charbon pour pourvoir à ses besoins énergétiques. Selon une étude des consultants McKinsey&Company, le pays est appelé à quintupler sa demande d’électricité et devenir le troisième consommateur mondial d’électricité derrière les USA et la Chine. A l’issue des discussions avec le ministre du Gujarat, l’australien Timothy Cornelius, ex-pilote de sous-marins aujourd’hui directeur général d’Atlantis Resources Corporation, a déclaré : « Les Golfes de Kutch et Khambhat sont renommés pour la force de leurs courants. En exploitant cette importante ressource d’énergie renouvelable, le Gujarat a largement le potentiel pour devenir un leader mondial dans le domaine de l’énergie des courants. J’espère que l’initiative du ministre Narendra Modi servira d’exemple à d’autres dirigeants mondiaux pour doter leur pays ou leur régions d’énergies renouvelables ».Atlantis Resources Corporation est aujourd’hui soutenu financièrement par Morgan Stanley et surtout le géant norvégien (et européen) des énergies marines Statkraft depuis le 31 mars 2009. Du point de vue des technologies marines proprement dites, Atlantis Resources Corporation a ceci de particulier qu’elle ne se contente pas de développer, comme la plupart de ses concurrents internationaux, un seul modèle de récupérateur d’énergie des courants mais trois technologies différentes : deux hydroliennes et… un engin à l’allure tout à fait étrange mais que l’on peut tout de même appeler une hydrolienne.Ce premier engin improbable est l’AN-400. C’est une sorte de tapis roulant vertical qui entraîne comme un engrenage une centaine de pales fixées le long d’une chaîne défilant horizontalement. Et c’est là qu’il faut s’arrêter de rigoler car l’AN-400, conçu en 2003, s’avère aujourd’hui pleinement opérationnel avec d’excellentes performances sur tous les sites où il a été implanté en test, en Australie. Plus encore, cette machine extrêmement robuste est particulièrement bien adaptée aux courants drainant des eaux encombrées de déchets ou de sédiments lourds, qui habituellement endommagent les pales des rotors d’hydroliennes classiques. Et oui car toutes les eaux des mers du monde ne sont pas cristallines et limpides comme celles des lagons tropicaux ! Il fallait y penser.La seconde, l’AS-400 (cf. photo de tête) est testée depuis 2008 avec d’excellents résultats aussi. C’est une turbine dite à axes horizontaux, dont le design est très proche de celui d’un réacteur d’avion. Elle peut être utilisée dans des courants de 2.6 m/s et elle est disponible dans des versions de 100 kW, 500 kW et 1MW. Ces performances lui ont valu de la part du cabinet d’expertise industrielle Black & Veatch, la mention enviée de « turbine la plus efficace du marché dans son segment ».L’AK 100 est la dernière-née et la plus puissante d’Atlantis Resources Corporation. C’est une double hydrolienne plantée sur un monopieu, plus classique que les précédentes (bien qu’à double hélice), conçue pour être exploitée dans des courants pouvant atteindre 2,6 mètres/seconde ; et capable de produire soit 1MW soit 2 MW. La première de cette toute nouvelle série devrait être mise en place pendant l’été 2010, le lieu n’ayant pas encore été communiqué.Atlantis Resources Corporation fait partie de ces compagnies agissant dans les énergies renouvelables qui ne sont pas exagérément médiatisées. Les ingénieurs de la compagnie font un remarquable travail d’adaptation des nouvelles technologies aux spécificités des milieux marins. Atlantis Resources Corporation a compris mieux que quiconque qu’il n’y a pas un milieu marin uniforme dans lequel une technologie standard pourrait universellement fonctionner, mais une multitude de milieux marins et sous-marins pour lesquels il se pourrait bien que nous ayons à imaginer des technologies spécifiques. Une technodiversité en quelque sorte que les fabricants d’éoliennes offshore ont déjà eu l’occasion de découvrir en fonction des fonds sur lesquels ils voulaient implanter leur technologie universelle ! Un peu de modestie, de temps en temps, ne nuit pas… et beaucoup d’imagination industrielle non plus d’ailleurs !
Source : Les énergies de la merPar Francis Rousseau, rédacteur en chef de plusieurs blogs portant sur l’environnement et les énergies renouvelables. Ces blogs sont réalisés pour 3B Conseils, cabinet conseil en communication scientifique et technique et bureau d’études, organisateur desEntretiens Science et Ethique.
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