« L’avenir de la nation en termes d’énergies renouvelables ne proposera jamais pas de repas gratuits ou de gain sans douleur », ont commencé par assurer les deux géoscientifiques, lors d’un débat Université de Tulsa sur le fond de la fracturation hydraulique.
Le chercheur canadien David Hughes et le professeur de l’université d’état de Pensylvanie, Terry Engelder, ont animé un débat à l’occasion d’une conférence organisée par le groupe d’hydrocarbures gazier Chesapeake Energy. La discussion vive entre Hughes et Engelder, permit, au-delà des points de convergence, plutôt rares, de constater les contrastes existant entre le deux orateurs quant au potentiel des gaz de schiste en termes d’indépendance énergétique.
Hughes affirme que l’industrie pétrolière et gazière a trop surestimé le potentiel de réserves de gaz de schiste, alors qu’ Engelder soutient que l’état a pour le moment minimisé les « actifs » gaz de schiste. « Il est clair que le gaz naturel va être une ressource très importante dans l’avenir », affirme de son côté Hughes, qui est aussi président du cabinet de conseil mondial de développement durable Research Inc.
« Je pense juste que le battage médiatique est exagéré » à propos des gaz de schiste offrant une réserve de 100 ans, ajoute-t-il : « Je ne pense pas que nous puissions augmenter la production autant que nous pensons que nous le pouvons ».
Le symbole Marcellus
« Barnett Shale of north Texas, une formation pionnière dans la fracturation et la production de gaz de schiste, a réussi à développer une production importante, mais seulement quelques comtés », poursuit Mr Hughes. Ce dernier affirme que le prix actuel du gaz naturel au comptant, d’environ 90 à 100 $ pour 1 000 mètres cubes, pèsera sur les niveaux de production et, éventuellement, conduira à des prix plus élevés. Engelder, de son côté, voit dans l’exploitation des gaz de schiste une évolution d’importance mondiale. Un expert sur les gisements du site géant de Marcellus, situé en Pennsylvanie et dans l’état de New York, se référent à des rapports fédéraux, a affirmé que les réserves de ce gisement, initialement estimées à 11 milliards de mètres cube, atteignaient en réalité à peine 4 milliards de mètres cube. Engelder remet donc ici expressément en cause les données la Commission géologique des États-Unis.
« L’Energy Information Administration a cédé à la pression de l’USGS (United States Geological survey), », soutient quant à lui Engelder. Revenant avec humour sur son étiquette d’« ami des industriels » (Engelder fait ici référence à la réputation qui lui colle à la peau auprès du grand public), en dépit de son statut académique et d’être une voix pro-forage via le New York Times, Engelder poursuit : « La droite fédérale est aujourd’hui trop conservatrice ».
La seule question qui compte vraiment aujourd’hui, à savoir – est-ce que la fracturation hydraulique est sûre ? – n’est revenu que trop peu souvent au cours du débat. Engelder a concédé que l’industrie a fait quelques erreurs en termes de relations publiques en défendant aveuglément la fracturation hydraulique. C’est à peu près tout.
De son côté, Hughes affirme que cette pratique est nécessaire, mais doit être tenu à des normes strictes : « la controverse sur le site de Marcellus est un exemple clé de la politique éclipsant la science, fait valoir à ce propos Engelder. La migration du méthane naturel et seulement quelques cas d’erreurs de forage ont causé des problèmes avec la qualité observée des eaux souterraines ».
Améliorer les procédés ou les remettre en cause ?
Le professeur Engelder est persuadé que l’industrie devrait accepter le fait que le risque est impliqué dans les opérations de fracturation et d’assurer le public que les entrepres sont aussi sûres que possible : « L’industrie n’est pas monolithique. Elle se compose de gens qui sont eux-mêmes conscients de l’empreinte écologique dont ils sont responsables ».
Hughes, lui a ajouté que l’industrie doit être plus transparente dans la façon dont fonctionne la fracturation hydraulique, et réaliser un meilleur travail dans l’élimination des fluides qui sont utilisés pour briser la roche de schiste et aider à libérer le gaz et l’huile dans les puits de forage. Il dit qu’il croit que les puits d’injection, qui disposent des fluides, ont probablement causé les tremblements de terre dans l’Arkansas. « Mais nous avons besoin des gaz de schiste », a-t-il dit.
« Nous allons avoir à examiner les meilleures pratiques et réduire les impacts, a repris le professeur Hughes. Le gaz naturel est irremplaçable pour certaines tâches dans les industries pétrochimiques et d’engrais, mais il est peu probable qu’il devienne une source de combustible importante pour les camions long-courriers, par exemple ».
Hugues a enfin préconisé le charbon comme combustible de source primaire dans la production électrique. Engelder, pour conclure, a convenu qu’à long terme, le forage des schistes est coûteux et doit gérer des risques majeurs pour l’environnement. Dans le même temps, il confesse qu’il croit qu’il n’y a pas pour l’heure d’autre choix. « Il n’y a pas de gain sans douleur », a-t-il répété, fataliste… « Ce sont des investissements qui se font sur le long terme ».
Par Rod Walton
Source : Tulsaworld.com
Cet article se trouve dans le dossier :
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