L'Agence Européenne de Sécurité des Aliments (l'EFSA) n'a pas divulgué les études sur lesquelles elle s'est fondée pour conclure que le glyphosate n'était probablement pas cancérigène pour l'homme. Pour faire la lumière sur la question, quatre eurodéputés écologistes, dont la Française Michèle Rivasi, ont saisi la Cour de Justice de l'Union Européenne.
Le combat des écologistes s’intensifie. Sur le banc des accusés se trouve le glyphosate, substance active utilisée notamment dans le fameux herbicide RoundUp de Monsanto. Le Centre International de Recherche sur le Cancer (CIRC), agence de l’OMS, l’avait classé comme cancérigène « probable » en mars 2015. Mais l’Efsa n’était pas de cet avis. En décembre 2015, elle considérait de son côté la cancérogénicité de la substance comme improbable pour l’homme. La Commission européenne a donc relancé en mai 2017, une procédure en vue de prolonger l’autorisation de l’herbicide pour dix ans. Cela est surprenant, puisque récemment, le sandale des Monsanto Papers a révélé que Monsanto connaissait la toxicité du glyphosate depuis 1999.
Les eurodéputés ont cherché à comprendre les raisons de ces divergences. C’est simple : le CIRC n’utilise que des études appartenant au domaine public. Mais l’Efsa se fonde aussi sur des études fournies par les industriels. Les eurodéputés ont donc demandé à l’Efsa l’accès aux études qui l’ont poussé à cette conclusion. Mais celles-ci sont couvertes par le secret industriel.
« Après une année de tractations intensives, l’EFSA ne nous a fourni qu’un accès partiel à ces études, omettant des informations clés comme la méthodologie ou les conditions d’expérimentations », fait savoir Michèle Rivasi, dans un communiqué. « Sans ces informations essentielles, il est impossible pour des experts indépendants de vérifier la validité des conclusions de l’EFSA », complète-t-elle.
Dans ces circonstances, les eurodéputés saisissent la Cour de Justice de l’Union Européenne. Ils veulent mettre fin « à une jurisprudence emblématique, qui à l’avenir incitera les agences européennes à privilégier la transparence au secret commercial dès qu’il s’agira d’évaluer scientifiquement des substances potentiellement néfastes pour la santé et l’environnement. » Mais le combat durera encore plusieurs années. Des années durant lesquelles le glyphosate pourrait continuer à polluer l’environnement. En attendant, les eurodéputés invitent les citoyens à signer l’Initiative Citoyenne Européenne « Stop glyphosate » pour faire interdire le glyphosate par la Commission Européenne.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Réagissez à cet article
Vous avez déjà un compte ? Connectez-vous et retrouvez plus tard tous vos commentaires dans votre espace personnel.
Inscrivez-vous !
Vous n'avez pas encore de compte ?
CRÉER UN COMPTE