6 000 publications scientifiques ont été étudiées par les experts de l’ONU depuis la COP21 en décembre 2015. Le rapport qui en résulte a été adopté par les représentants de 195 États à la suite d’une semaine de négociations, à Incheon (Corée du Sud). Les conclusions sont formelles : au rythme actuel, nous atteindrons un réchauffement de +1,5°C entre 2030 et 2052, les +2°C d’ici 2065 et +4 ° C d’ici 2100. Quant aux engagements pris lors de l’Accord de Paris, ils nous conduisent vers un réchauffement de +3°C.
Les écarts d’impacts entre un réchauffement de +1,5°C et de +2°C sont déjà importants. Dans un monde à 1,5°C, déjà 6 % des insectes, 8 % des plantes, et 4 % des animaux vertébrés seraient affectés. À 2°C, deux fois plus de plantes et vertébrés seraient touchés et trois fois plus d’insectes. Un réchauffement de +1,5°C limiterait aussi la hausse du niveau de la mer de 10 cm, et 10 millions d’habitants seraient ainsi préservés de la submersion marine.
Réduire drastiquement les émissions
Le GIEC estime qu’il est encore possible de ne pas dépasser les +1,5°C. Le WWF appelle ainsi à un « big bang écologique ». Pour y parvenir, il faudra toutefois une volonté politique absolue. En particulier, il faudra une sortie définitive urgente des énergies fossiles, responsables des trois quarts des émissions de gaz à effet de serre. Nous avons besoin d’une transition très rapide vers un modèle énergétique 100% renouvelable et des politiques ambitieuses de réduction d’émissions, tout en augmentant la surface de nos forêts, zones humides et prairies pour capter le carbone déjà dans notre atmosphère.
« Je ne doute pas que les historiens considéreront cette publication comme l’un des moments marquants de l’histoire de l’humanité, a réagi Amjad Abdulla, négociateur en chef de l’Alliance des petits Etats insulaires. J’exhorte tous les pays civilisés à en assumer la responsabilité en redoublant d’efforts pour réduire les émissions responsables de la crise et à faire le nécessaire pour aider les populations vulnérables à faire face aux conséquences dévastatrices qui ne peuvent plus être évitées. »
Le rapport sera discuté par les ministres européens de l’environnement mardi 9 octobre. Il devrait servir de base pour essayer de convaincre les gouvernements à revoir leurs objectifs de réduction d’émissions à la hausse en vue de la COP24 qui se déroulera du 3 au 14 décembre 2018 à Katowice, en Pologne.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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