« Les données sont claires : pour nous, le réchauffement est sans équivoque et sans précédent depuis des décennies et des millénaires », a affirmé Jean Jouzel, climatologue expert du GIEC, à l’occasion d’une conférence à l’école Sciences Po le 2 octobre. Ce réchauffement climatique ne se limite pas à la hausse des températures qui pourrait atteindre 5,5°C dans le scénario le plus extrême en 2100 : « tous les indicateurs du réchauffement sont au rouge », précise-t-il.
En effet : le cycle global de l’eau est modifié, les neiges et glaces fondent de plus en plus vite, le niveau moyen des océans augmente, l’acidification des océans augmente, certains phénomènes climatiques extrêmes se multiplient et les températures du pergélisol augmentent, entraînant une diminution de son épaisseur dans certaines régions. Selon le premier volume du cinquième rapport du GIEC, les trois dernières décennies ont été de plus en plus chaudes et la décennie 2001-2010 a été la plus chaude depuis 1850. Dans le scénario d’émissions le plus pessimiste, il n’est pas exclu que la banquise arctique disparaisse totalement en été à partir de 2050.
Selon le rapport, le taux d’élévation du niveau de la mer depuis le milieu du 19e siècle a été plus important que le taux moyen observé au cours des deux millénaires précédents. Entre 1901 et 2010, le niveau moyen de la mer a augmenté de 19 cm. D’ici 2100, il devrait encore augmenter entre 26 cm et 82 cm, avec des inégalités spatiales, en fonction des scénarios d’émissions. Dans le pire des cas, il pourrait même atteindre 98 cm.
Le tableau peut paraître assez noir, mais la science ne ment pas. Les projections du changement climatique sont basées sur une nouvelle série de quatre scénarios de concentrations futures de gaz à effet de serre, d’aérosols, couvrant un large éventail de futurs possibles. Le Groupe de travail I a évalué le changement climatique à l’échelle mondiale et à l’échelle régionale pour le début, le milieu et la fin du 21e siècle.
Où en sont les émissions ?
Les concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone (CO2), de méthane (CH4) et d’oxyde nitreux (N2O) ont toutes augmentées depuis 1750 en raison de l’activité humaine. Elles ont atteint des niveaux sans précédent depuis au moins 800 000 ans. La vitesse d’augmentation de ces concentrations atmosphériques au cours du siècle dernier n’a pas de précédent depuis 22 000 ans.
En 2011, les concentrations de ces gaz à effet de serre étaient respectivement de 391 ppm, 1803 ppb et 324 ppb, dépassant les niveaux préindustriels d’environ 40 %, 150 % et 20 %. L’océan a absorbé environ 30 % du dioxyde de carbone anthropogénique émis, provoquant l’acidification des océans à un niveau probablement au plus fort depuis des millions d’années…
En mai 2013, rappelons que le seuil symbolique des 400 ppm de CO2 dans l’atmosphère était franchi pour la première fois à la station de mesure de Mauna Loa (Hawaï), qui représente une bonne approximation de la concentration moyenne en CO2 dans l’hémisphère Nord.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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