Selon le Panorama du Gaz Renouvelable 2019, la France comptait 123 installations de biométhane raccordées aux réseaux gaziers français au 31 décembre dernier. C’est 47 de plus que l’année précédente. Si ces installations ont une capacité annuelle d’injection maximale de 2,2 térawattheures (TWh), la quantité de biométhane injectée réellement dans les réseaux atteint 1,2 TWh contre 0,7 TWh fin 2018. Cela représente 0,26 % de la consommation de gaz naturel française.
« La capacité maximale d’injection d’une installation est ce qu’elle pourrait produire au maximum sur une année si elle était mise en service au 1er janvier d’une année et qu’elle n’avait pas d’aléas techniques, explique Robin Apolit, chargé de mission gaz renouvelables au Syndicat des énergies renouvelables. La différence avec l’injection réelle provient du fait que plusieurs installations ont été mises en service au cours de l’année, à quoi il faut ajouter des phénomènes de saisonnalité sur certains intrants agricoles et des aléas techniques ». La filière représente désormais plus de 4 000 emplois directs et indirects pour un chiffre d’affaires de 696 millions d’euros.
Inclure le biométhane dans le plan de relance
Le registre commun aux gestionnaires de réseaux de transport et de distribution enregistre les projets depuis leur phase d’étude jusqu’à la production. Plus de 960 nouveaux projets y sont inscrits, avec une capacité maximale cumulée de près de 22 TWh/an. C’est 10 TWh de plus qu’à fin 2018. Les réseaux de distribution comptent pour 85 % des projets et pour 74 % des capacités de production réservées. Le reste est réservé par les réseaux de transport.
Les projets à l’étude à un stade avancé représentent plus de 10 TWh/an de capacité maximale. Les opérateurs proposent de mobiliser ces projets dans le cadre du plan de relance pour soutenir à court terme l’activité économique des secteurs fragilisés, en particulier l’agriculture et les travaux publics, dans les zones rurales d’ici 2023. Alors que la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) propose actuellement un objectif de 8 TWh en 2023 et de 14 à 22 TWh pour 2028, les opérateurs demandent donc de rehausser l’objectif à 12 TWh pour 2023.
« Selon sa typologie, un projet met entre 3 et 5 ans entre sa phase d’étude et la première injection dans le réseau, prévient Robin Apolit. Si la tendance se poursuit, on est sur la bonne voie pour atteindre les 10 % de gaz renouvelable en 2030 qui correspondrait à une injection annuelle entre 39 et 42 TWh. »
Lumière sur le parc installé fin 2019
Sur les 123 sites français, 69 % des capacités maximales concernent des installations agricoles et 11 % des installations industrielles territoriales. 9 % des sites sont des installations de méthanisation des boues de station d’épuration, 8 % des déchets ménagers et des biodéchets. Enfin, 5 % des sites sont des installations de stockage des déchets non dangereux.
Hormis la Corse, les 13 régions de France métropolitaine comptent toutes au moins un site d’injection de biométhane. En tête, les Hauts-de-France et le Grand Est avec respectivement 341 et 331 gigawattheures (GWh) de capacités maximales par an. En queue de peloton, on trouve la région PACA et l’Occitanie avec respectivement 35 et 32 GWh de capacités maximales par an.
Enfin, comment la France se situe en Europe ? L’Espagne, l’Italie, la Suisse, l’Autriche, le Luxembourg, la Norvège, la Suède et la Finlande sont moins avancés en termes de sites et capacités d’injection dans le réseau de gaz naturel. Le Danemark et le Royaume-Uni devancent la France, avec respectivement l’injection de 1,75 TWh/an et de plus de 4,1 TWh/an. Le champion européen reste l’Allemagne avec l’injection de 10 TWh/an.
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