En 2014, la demande de gaz a faiblement augmenté, comme en 2012 et 2013. En Europe, la baisse est historique, à hauteur de – 10 %. En cause : la situation économique, une météo douce qui diminue les besoins de chauffage, un prix faible du charbon et le développement des énergies renouvelables. A l'occasion du Panorama 2015 d'IFP Energies Nouvelles le 5 février à Paris, son Président Olivier Appert a présenté la situation du marché début 2015.
En raison de l’indexation partielle du prix du gaz sur les prix pétroliers, celui-ci devrait continuer sa baisse sur le marché spot. Cela, grâce à une baisse majeure du prix du baril ces derniers mois. Malgré cela, avec une hypothèse d’un baril de pétrole à 60 $ en 2015, le gaz restera non compétitif face au charbon.
Pour inverser la tendance, il faudrait un doublement du prix du charbon, assure IFP Energies Nouvelles. Dans cette perspective, le charbon devrait atteindre 100 $/tonne, alors que son prix actuel est de 50$/t et que l’on s’attend à un prix moyen en 2015 de 60 $/t. Sinon, il faudrait agir sur le prix du CO2 pour qu’il atteigne 30 €/t, contre 7€/t actuellement, soit une multiplication par 4. « On est très loin de cela en Europe », réagit Olivier Appert.
Il faut également préciser qu’en 2014, la crise Ukrainienne n’a pas eu d’impact majeur sur les prix du gaz, mais rien n’est acquis pour 2015. D’autant plus que la sortie de crise apparait de plus en plus compliquée.
Les pays peuvent-ils favoriser la compétitivité du gaz ?
En 2014, le Royaume-Uni a instauré un mécanisme complémentaire au prix du CO2. Ce mécanisme atteindra 18 livres la tonne, soit 23 €/t en avril 2015. « Ce niveau sera vraisemblablement suffisant pour permettre au gaz d’être concurrentiel dans ce pays », prévient Olivier Appert. Avec un peu de volonté politique, il est donc possible de réagir et le charbon ne remplace pas fatalement le gaz, malgré son faible prix à la tonne.
Le gaz de schistes américain est-il toujours aussi compétitif ?
Suite au boom de la production de gaz de schistes, les États-Unis vont se lancer dans l’exportation de gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe et la Chine. Les premières exportations devraient commencer début 2016. Dans cette perspective, quel serait l’impact d’une baisse du prix du gaz sur la compétitivité du GNL américain ? Quel doit être le prix de livraison du gaz vers l’Asie et l’Europe, comparé au prix qui prévaut dans ces deux régions?
Avec un prix du baril à 60 $, le prix du gaz tournerait autour de 9$/Mtu en Asie et de 7$/Mbtu en Europe en 2015. « Dans cet environnement, il faut un prix de 3 $/Mbtu maximum aux Etats-Unis pour rester compétitif », analyse Olivier Appert. « C’est le prix attendu sur le marché américain en 2015, mais depuis 2009, le prix a été à certains moments un peu supérieur, jusu’à 4$/Mbtu. La rentabilité des puits américain est donc devenu un peu plus incertain dans le contexte actuel », poursuit-il. La baisse du prix du baril de pétrole a engendré des baisses d’investissements dans les puits de pétrole de schistes aux Etats-Unis. Certains projets dans le gaz pourraient aussi être reportés, faute de rentabilité.
Par Matthieu Combe
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