De meilleures techniques de fracturation hydraulique ont « considérablement réduit l’empreinte écologique de l’extraction du gaz de schiste », annonce une étude du conseil européen de l’académie des sciences (European Academies Science Advisory Council, ou EASAC) parue le 13 novembre.
Parmi ces techniques, on retrouve le remplacement de certains produits chimiques potentiellement nocifs ou encore la communication de tous les additifs utilisés pour la fracturation.
En outre, l’impact de l’extraction sur la santé, la sécurité et l’environnement est limité par un cadre réglementaire déjà en place dans la plupart des pays.
« En Allemagne, par exemple, la fracturation hydraulique n’est autorisée que si l’intégrité technique du forage a été préalablement établie », note l’EASAC. L’étude estime que les règles existantes sont suffisamment strictes en matière de sécurité.
L’EASAC est constituée des académies des sciences des 28 États membres de l’UE, ce qui lui confère une réelle autorité.
Le potentiel en Europe n’est pas certain
Reste que le potentiel d’extraction de gaz de schiste au sein de l’UE est « incertain », à cause des limites des données géologiques permettant d’évaluer l’accessibilité des réserves, ce qui douche les espoirs de certains de voir le gaz de schiste exploité à grande échelle sur le continent.
Les réserves les plus importantes en Europe se situent en France et en Pologne, qui détiendraient respectivement 3,88 et 4,19 mille milliards de mètres cubes, selon l’Agence américaine pour l’information sur l’énergie (EIA). Le territoire des États-Unis renfermerait quant à lui quelque 16 mille milliards de mètres cubes.
La situation géologie est en outre « plus compliquée » en Europe qu’aux États-Unis. Le rapport fait ainsi état de formations rocheuses « plus anciennes » et « plus fracturées », ce qui a des « conséquences sur la faisabilité technique et économique de l’extraction de gaz ».
« Seule une partie » des réserves existantes serait donc récupérable en Pologne, alors que la présence supposée de gaz de schiste dans le bassin parisien a été démentie par les dernières études géologiques.
L’EASAC est également sceptique quant aux déclarations selon lesquelles l’utilisation de gaz de schiste permettrait de ralentir le réchauffement climatique. Cela dépendrait en réalité de la qualité du processus d’extraction et de « l’intégrité des puits ».
Le gaz de schiste constitue bien une alternative séduisante aux importations en provenance de la Russie dans un contexte politique tendu, souligne toutefois l’EASAC, qui estime que le gaz en question pourrait apporter « une contribution non négligeable à la sécurité énergétique » en remplaçant une partie des importations russes.
Alors que des techniques de forage horizontal sont à présent disponibles, l’impact de l’extraction sur le terrain peut également être limité, rendant possible la localisation de puits de forage plus près des zones densément peuplées.
« Techniquement, les puits de forage horizontal pourraient avoir une portée de 12 km, bien que cette solution soit encore très couteuse. Même avec des puits d’un rayon de seulement 3 km, la production de gaz non conventionnel vaudrait la peine dans des régions densément peuplées. Il s’agit là d’un aspect clé de la réduction des conséquences de l’extraction du gaz de schiste en Europe », conclut l’étude.
Cette réduction de la surface de terrain nécessaire au forage limite également le problème de la récupération du sol une fois l’extraction finie, et donc le risque financier de telles entreprises, note l’EASAC.
Transparence et communication
Toute opération de forage à grande échelle requerra par ailleurs la confiance du public, font remarquer les auteurs de l’étude. L’engagement des entreprises auprès des communautés et leur ouverture et transparence sont donc des éléments cruciaux du bon déroulement des opérations, tout particulièrement en ce qui concerne la surveillance d’effets indésirables potentiels.
Il faudra faire preuve de transparence quant aux additifs utilisés lors de la fracturation et quant aux « résultats des analyses menées pour détecter toute contamination de l’eau ou fuite de gaz avant, pendant et après l’extraction » et fournir toutes les informations disponibles à l’exécutif et aux communautés concernées, insiste l’EASAC.
Source : Euractiv
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