Le rapport de l’Etat sur l’environnement publié en 2019 indiquait que le secteur des transports était responsable d’environ un tiers des émissions de gaz à effet de serre. Les poids lourds, au milieu de tout cela, généraient 22 % de la pollution totale due aux transports, soit 30 Mt eq CO2. Aussi, le transport routier est un secteur fortement émetteur d’oxydes d’azote, un autre gaz à effet de serre très puissant.
Le transport routier de marchandises, loin devant les autres
Ces chiffres sont colossaux, alors que le parc de poids lourds français ne représente que 2 % en proportion du parc tricolore de véhicules routiers. Un dernier chiffre : si le transport routier de marchandises ne représente que 6 % en distance parcourue du trafic routier total, il représente 80 % des marchandises transportées, toujours en 2019.
Ces chiffres ne sont pas voués à évoluer à la baisse. Le principal concurrent du camion, le train, coûte trop cher à mettre en place et les autorités françaises ont décidé de ne pas faire du rail une priorité.
A partir de là, comment faire pour voir le transport routier réaliser sa propre transition énergétique, alors même que les habitudes des particuliers, dans le contexte actuel, vont vers toujours plus de commandes à distance, avec des délais de livraison toujours raccourcis ?
D’après le Forum International du Transport, le volume des marchandises transportées dans le monde devrait tripler entre 2015 et 2050. Les engagements pris, au niveau national et international pour faire baisser l’impact environnemental du secteur du fret routier sont d’autant plus ambitieux.
Ainsi, depuis la mise en place du projet VECTO par l’Union Européenne en 2019, le renouvellement du parc de poids lourds doit répondre à deux contraintes fortes :
- un objectif de réduction des émissions de CO2 de 15 %, fixé pour 2025, en tant que réduction relative sur la base des émissions de CO2 moyennes des véhicules utilitaires lourds nouvellement immatriculés pendant la période allant du 1er juillet 2019 au 30 juin 2020 ;
- dès 2030, un objectif de réduction des émissions de CO2 fixé à – 30 %.
Un réexamen de ces dispositions est même prévu en 2022 pour potentiellement accélérer ce dispositif. Ensuite, le Green Deal européen a vu la France s’engager sur une ambition de neutralité carbone à l’horizon 2040. Cette volonté s’accompagnera de l’interdiction de tous les véhicules fonctionnant grâce à des énergies fossiles. Plus près de nous, les collectivités locales ont déjà commencé à mettre en place une régulation contraignante concernant l’accès des poids lourds dans leurs zones routières. Le but : favoriser un basculement progressif des flottes vers des motorisations à faibles émissions. L’entrée en vigueur de ces réglementations sera effective à Paris d’ici 2024.
Les pistes pour améliorer le bilan carbone du fret routier sont de trois ordres : l’optimisation des flux logistiques, les innovations technologiques sur les poids lourds, et le développement de nouveaux carburants.
Le secteur de la logistique est en pleine mutation. Les innovations technologiques, le comportement des consommateurs et la structure des échanges vont considérablement évoluer dans les années qui viennent. Aussi l’automatisation des flux, la généralisation de la RFID, la mise en place de la robotique dans les entrepôts sont autant de solutions dont la généralisation participera à optimiser le transport global des marchandises, limitant ainsi le risque de voir des poids lourds circuler avec un chargement à moitié plein.
Les innovations technologiques sur les poids lourds vont de l’automatisation de la conduite au développement de matériaux plus légers, en passant par la connectivité des véhicules, entre eux et avec les plateformes logistiques. L’objectif, encore une fois, est d’optimiser les flux de marchandises et des poids lourds sur les routes, notamment en permettant aux camions de circuler les uns derrière les autres (platooning), ce qui permet d’économiser 10% de carburant en moyenne.
Enfin, le développement de nouveaux carburants est probablement la solution la moins complexe à mettre en place sur le court terme. Plusieurs carburants innovants sont développés : carburant 100% végétal, ED95 (biocarburant), biogaz… un carburant à base d’eau est même à l’essai aux Pays-Bas.
Cet article se trouve dans le dossier :
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