Le concept du Fonds Chaleur est globalement apprécié par les professionnels, car il s’agit d’une véritable aide à la décision permettant d’investir dans les énergies renouvelables. L’intérêt est d’utiliser des énergies plus stables dans le temps, car détachées des fluctuations du cours des énergies fossiles. Grâce à des aides financières spécifiques, le Fonds Chaleur facilite l’installation de nouveaux équipements. « C’est un formidable accélérateur, générateur d’impulsion dans le développement des énergies renouvelables et des réseaux de chaleur », estime Guillaume Planchot, Président de Via Sèva, association de promotion des réseaux de chaleur et de froid.
« Les réseaux de chaleur permettent une mutualisation et une diffusion à grande échelle des énergies renouvelables », rappelle Guillaume Planchot. La plupart des réseaux se trouvent dans les zones urbaines denses, mais ils ont également un rôle à jouer dans les zones exclues qui utilisent un chauffage au fioul.
Le prix de la chaleur produite par les projets aidés par le Fonds chaleur doit être compétitif. Dans le cas des réseaux de chaleur, l’un des critères d’acceptation est un prix de la chaleur final au moins 5% plus faible que celui des réseaux fonctionnant au gaz.
Quels objectifs pour 2020 ?
Actuellement, environ 6% de la population française est chauffé par un réseau de chaleur. Le premier objectif du secteur est de raccorder 18% de la population en 2020 et donc de tripler le nombre de raccordements. Le deuxième est d’atteindre un mix énergétique de 50% d’énergies renouvelables en 2020, contre 31% en 2009.
« Pour atteindre les objectifs de 2020, il va falloir accélérer », note toutefois le Président de Via Sèva. Il va également falloir se doter d’un nouveau Fonds Chaleur car celui-ci couvrait la période 2009-2013. « Si l’on veut continuer dans cette dynamique, il faut continuer l’expérience et augmenter la dotation », précise-t-il. Pour les 3 prochaines années, les professionnels estiment qu’il faudrait un fonds doté de 400 millions d’euros pour les réseaux de chaleur, contre environ 300 millions actuellement.
Le fonds peut théoriquement financer jusqu’à 40% d’un projet, mais en pratique, il représente plutôt entre 20% et 30% de l’investissement total. Grâce aux 400 millions d’aides demandés, les industriels investiraient donc entre 1,2 et 2 milliards d’euros dans l’économie française.
Les limites du Fonds Chaleur
Le Fonds est toutefois mal dimensionné. Les critiques portent notamment sur des méthodes de calculs qui évoluent chaque année et des décalages entre le calcul théorique et l’aide réelle. Des méthodes existent pour quantifier les aides, par des grilles de calculs, mais au final, l’aide accordée est trop souvent inférieure. Les collectivités et les opérateurs doivent alors financer la différence, somme qu’ils n’avaient pas forcément provisionnée.
« Il faut mieux dimensionner le Fonds Chaleur, le simplifier, le clarifier et offrir de la visibilité aux collectivités sur les modalités d’attribution : des critères stables et clairement compréhensibles par les collectivités, dans des calendriers compatibles », résume Guillaume Planchot.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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