Le 11e dialogue de Petersberg est le premier grand événement de diplomatie climatique en 2020. Il réunira en conférence vidéo les ministres de 35 pays parmi les plus influents du processus de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) autour de la chancelière allemande Angela Merkel, du président de la COP26 Alok Sharma et du secrétaire général des Nations Unies António Guterres. Parmi eux : les ministres et négociateurs des États Unis, de la Chine, de l’Inde, du Brésil, du Canada, de la Russie, de l’Arabie Saoudite, et de plusieurs États membres de l’Union Européenne.
La conférence devrait être l’occasion d’envoyer un message de solidarité avec la communauté internationale et d’exprimer des engagements en faveur d’une action climatique ambitieuse. Cette réunion est vue par de nombreux experts comme une chance de relancer les efforts mondiaux sur le climat, et de s’assurer que les principaux émetteurs tiennent compte des objectifs climatiques dans la préparation de leurs plans de relance économiques.
Une relance économique décarbonée
Les ministres devront donner les pistes d’une reprise économique qui rend les sociétés plus résilientes et plus respectueuses du climat. Les gouvernements sont en effet face à un choix capital. « Ils peuvent simplement donner de l’argent aux entreprises ou plutôt l’orienter dans des domaines qui créent rapidement des emplois et soutiennent les objectifs de décarbonation et de conservation de la biodiversité, analyse Michael Jacobs, professeur à l’Institut de recherche en économie politique de Sheffield à l’Université de Sheffield, lors d’un point presse organisé sur Zoom. Cela concerne l’efficacité énergétique, l’infrastructure de recharge des véhicules électriques, les voies pour mobilité douce, le transport public dans les villes, la gestion des déchets, les activités circulaires, etc. »
« La reprise économique doit passer par les activités économiques comme l’agriculture écologique et l’agroforesterie, la pêche durable, la conservation et la restauration des écosystèmes, la mobilité durable et l’abandon de toutes aides aux énergies fossiles », complète Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace International. « Nous avons besoin de reconnaître que le focus sur la croissance à court terme est mal placé et nous concentrer sur le bien-être et l’environnement, poursuit-elle. C’est ce que j’espère entendre de la part de la chancelière Merkel et des autres ministres. »
Aligner les plans de relance et les contributions nationales
Les ministres devront dire comment le changement de priorités pourrait booster l’ambition climatique et les contributions nationales (NDC). « C’est un moment où les ministres doivent faire rencontrer les mesures qu’ils préparent pour la relance post-Covid avec le processus de négociation international de l’Accord de Paris, car le contenu de leur plan déterminera leurs contributions nationales et leur stratégie de long-terme », déclare Jennifer Morgan. « Il est absolument vital que les personnes qui s’occupent des NDC et des plans de décarbonation gouvernementaux soient intégrées aux équipes des plans de relance, car cela aidera à aligner leurs objectifs », soutient Michael Jacobs.
« Nous attendons un message fort de coopération internationale et de solidarité en support à un plan Marshall nécessaire au niveau mondial et européen pour affronter les multiples crises, partage Christoph Bals, directeur politique de l’ONG allemande Germanwatch. Il faut un message clair que le Green Deal européen sera un cadre pour guider tous les investissements pour une meilleure reprise». En particulier, il faudrait que l’Allemagne soutienne un objectif européen de réduction des émissions de gaz à effet de serre plus ambitieux. Les études scientifiques montrent que pour espérer limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, les émissions de l’UE devraient diminuer d’au moins 65 % d’ici 2030 par rapport aux niveaux de 1990, alors que l’objectif sur la table s’élève entre -50 à -55 % ».
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