Le secteur du recyclage est reconnu comme prioritaire et doit poursuivre son activité. Mais le ralentissement de l’activité économique menace la pérennité de ses entreprises. Jean-Luc Petithuguenin, président de Federec, dresse un constat inquiétant.
« La situation actuelle est extrêmement difficile pour notre secteur et toute l’industrie, partage Jean-Luc Petithuguenin, président de la fédération des entreprises du recyclage (Federec) et président de Paprec. Nous connaissons en moyenne une baisse d’activité de 50 % ». L’activité la plus touchée concerne le recyclage des métaux. « La baisse d’activité pour les métaux se situe entre 80 et 90 % », assure Jean-Luc Petithuguenin. Le recyclage des papiers-cartons et des plastiques connaît pour sa part une baisse d’activité d’environ 30 %. Les professionnels craignent aussi une baisse des collectes de verre ménager.
L’activité économique tourne au ralenti depuis plus de trois semaines. Pour évaluer l’impact du Covid-19 sur le recyclage, Federec a mené une enquête auprès de ses adhérents. 149 entreprises et 851 établissements ont répondu, représentant 84 % des établissements adhérents. Ainsi, selon Federec, 71 % des entreprises du secteur du recyclage déclarent continuer leur activité, 78 % de leurs établissements restent ouverts. Si la plupart des déchetteries municipales ont fermé leurs portes, 73 % des déchetteries professionnelles restent ouvertes, mais connaissent un faible taux d’activité. En plus, selon Citeo, 57 % des centres de tri étaient ouverts au 1er avril, assurant 62 % des capacités de traitement théoriques.
Une dépendance du secteur à l’activité économique
Les déchets collectés par les entreprises du recyclage proviennent à 70 % d’entreprises et à 30 % des ménages. « On travaille d’abord pour l’industrie et l’arrêt de beaucoup d’industriels nous pénalise énormément », assure Jean-Luc Petithuguenin. En amont, l’activité des entreprises du recyclage dépend de l’approvisionnement en déchets des entreprises, des collectivités et des particuliers. En aval, elle dépend des besoins de ses clients en matières recyclées. Le ralentissement industriel a donc un impact direct sur les entreprises du recyclage. « En amont, énormément d’industriels ont arrêté leur activité, notamment tout le secteur automobile et le BTP, et la plupart des déchetteries municipales sont à l’arrêt. En aval la problématique est moindre, car on continue de pouvoir circuler en Europe assez facilement malgré la crise lorsque l’on trouve des transports. »
Ainsi, 94 % des établissements fonctionnent en mode dégradé. Cela concerne l’absence de certains salariés, l’adaptation des horaires et la mise en place de consignes sanitaires pour respecter les gestes barrières. Les trois quarts des entreprises ont recours au chômage partiel, et la moitié des entreprises estiment avoir perdu plus de 60 % de leur activité. En mars, les adhérents évaluent la perte de leur chiffre d’affaires à 53 %. Ils anticipent une perte de 65 % pour le mois d’avril.
« Nous assistons de plus en plus aux félicitations des soignants et du public qui nous remercient de ramasser les poubelles et de participer à l’effort national », se félicite Jean-Luc Petithuguenin. Un autre moyen à notre portée de soutenir l’industrie du recyclage pendant le confinement consiste à trier ses déchets. « Il faut continuer de dire aux Français de jeter dans la poubelle jaune, cela sera recyclé partout où c’est possible. Simplement, n’y mettez pas vos mouchoirs, vos médicaments et la poubelle de la salle de bain », conclut-il.
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