Un extrait de « Sciences participatives au service de la qualité écologique des sols » par Lionel RANJARD.
Depuis une trentaine d’années, la recherche a beaucoup investi sur le développement d’outils modernes permettant de mieux caractériser la biodiversité des sols. Ceci a permis une forte production de connaissances dans ce domaine. En parallèle, les outils de la recherche sont devenus plus opérationnels et certains ont même été labellisés comme des bio-indicateurs puissants et robustes. Dans le contexte sociétal actuel d’un rapprochement des sciences et du citoyen, ceci a permis de voir apparaître des projets avec des approches participatives dédiées à améliorer le référencement de la biodiversité des sols et à mieux évaluer l’impact des activités humaines sur cette biodiversité et les services qu’elle rend.
Une implication plus ou moins forte
Il existe quatre niveaux d’implication croissante des citoyens dans les processus de recherche participative. Chaque niveau supérieur accumule les actions des niveaux inférieurs. Le premier niveau est appelé « crowd sourcing » et consiste uniquement à capter par les citoyens de l’information qui serait utile à la recherche. Les participants sont invités à recueillir des données qu’ils fournissent à la recherche sans autre contrepartie que celle de participer à un projet de recherche d’intérêt public. De nombreuses initiatives à l’échelle nationale sont basées sur ce premier niveau, comme les observatoires participatifs qui permettent de référencer certains animaux ou végétaux. Le deuxième niveau consiste à impliquer les citoyens dans la co-interprétation des résultats obtenus par le projet avec les chercheurs. Le citoyen fournit des données qui lui sont propres et en retour la recherche produit des résultats qu’elle lui restitue par différents moyens. Vient enfin un processus de co-interprétation des résultats impliquant les chercheurs et les citoyens. À partir de ce deuxième niveau, les chercheurs sont plus fortement et directement impliqués dans ces projets et soumis à une obligation de résultat, qu’ils doivent argumenter avec pédagogie devant des non-experts.
Le troisième niveau implique les citoyens dans la co-construction du projet en amont. Ce niveau nécessite que les citoyens soient déjà familiers avec les domaines étudiés et prêts à investir plus de temps. Ces projets, au-delà d’un intérêt général, présentent aussi des intérêts plus ciblés et en adéquation forte avec les attentes des citoyens sur un domaine considéré (par exemple l’impact et la durabilité d’une pratique agricole ou d’un type d’aménagement urbain…). Enfin, le quatrième niveau consiste en une co-responsabilisation des citoyens, notamment par un portage du projet pouvant aller jusqu’à son cofinancement. Cela nécessite qu’il y ait une confiance très élevée entre les chercheurs et les citoyens. Ce niveau est assez rare pour les sciences naturalistes et encore plus pour les projets sur la qualité biologique du sol, même si certaines initiatives commencent à voir le jour. Elles sont souvent associées à des questions sociétales et environnementales très prégnantes et portées par des collectifs de citoyens très investis. Citons en exemple les initiatives sur l’impact de certaines pratiques agricoles (utilisation de pesticides) portées par des collectifs de riverains ou de consommateurs qui s’inquiètent pour leur santé ou celle de leur environnement proche.
Exclusif ! L’article complet dans les ressources documentaires est en accès libre jusqu’au 10 mars 2022 !
« Sciences participatives au service de la qualité écologique des sols » par Lionel RANJARD
Cet article se trouve dans le dossier :
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