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Le casse-tête du remplacement du Bisphénol A dans les contenants alimentaires

Posté le par La rédaction dans Chimie et Biotech

L’interdiction totale du Bisphénol A effective depuis le 1er janvier 2015 oblige les industriels à trouver des alternatives. Mais la transition se révèle plus difficile que prévue.

La loi est passée le 24 décembre 2012, laissant 2 années aux industriels pour se préparer au remplacement du bisphénol A (BPA) dans les emballages et contenants alimentaires. Interdit pour raisons de santé, le BPA est un perturbateur endocrinien. Une propriété qui lui a déjà valu d’être interdit dans les biberons. Le BPA sert de monomère pour la fabrication  de plastiques  comme le polycarbonate (PC) et des résines époxy (intérieur des boites de conserve, canettes). On en retrouve partout : dans les bombonnes d’eau, les biberons, les vaisselles en plastiques, les tickets de caisse, les retardateurs de flamme, les lunettes de soleil, les CD. Problème, le BPA a tendance à s’extraire de la matière pour se déposer sur la peau ou contaminer les aliments qu’il emballe, avec des conséquences pour la santé dangereuses telles que des troubles de la reproduction, le développement de cancers du sein, de la prostate et du foie, ainsi que des dysfonctionnements de la thyroïde.

Sauf que le BPA était un produit chouchou des industriels qui peinent à lui trouver un remplaçant. En effet, le BPA était un peu un matériau miracle, compatible avec de nombreux contenant, résistant aux PH les plus acides ou basiques. A ce jour, aucun substituant ne regroupe tous ces avantages. Les industriels doivent donc composer avec plusieurs matériaux en fonction des applications. Pour les aider, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) a identifié 73 substituts possibles suivant l’utilisation voulue. Plus particulièrement, l’Anses en a identifié 21 pour les polycarbonates et 18 pour les résines époxy et 34 pour les papiers thermiques des tickets de caisse.

Les industriels ont pensé à substituer le BPA par un autre bisphénol, le bisphénol S (BPS). Sauf que le BPS serait lui aussi un perturbateur endocrinien, que l’Anses déconseille d’utilise. Toutefois, aucune loi n’interdit le BPS.

Depuis plus deux ans les fabricants de biberons ont dû plancher sur de nouvelles solutions. Leurs travaux les ont conduits à se tourner vers le polypropylène (PP), le polyesthersulfone (PES), le polyphénylsulfone (PPSU) et le copolyester. En novembre 2014, un rapport relatif aux substituts au BPA a été remis au parlement par le gouvernement. Il ressort que « […] les résultats sont satisfaisants pour la grande majorité des substituts utilisé […] » même si «Des difficultés sont mentionnées (corrosion, étanchéité, problèmes organoleptiques, industrialisation…) pour certains produits « agressifs » qui sont toujours en phase de test industriel. »

Toujours est-il que le consommateur trouvera encore du BPA dans les produits actuellement en vente. Il faudra attendre quelques mois avant d’écouler la totalité des articles contenant du BPA qui aura alors définitivement disparu du paysage français.

Par Audrey Loubens, journaliste scientifique

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