La situation s’aggrave de jours en jours.
Alors que la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco) avait noté une élévation alarmante du niveau de césium radioactif, il semble que le phénomène progresse encore. En à peine quelques jours, le taux de césium radioactif 134 dans la nappe phréatique a bondi d’un facteur 100.
Le 5 juillet, Tepco mesurait 99Bq de césium 134 par litre et 210 Bq de césium 137 par litre. Le 8 juillet, soit trois jours après, ces taux grimpaient respectivement à 9000 Bq/L et 18 000 Bq/L. Les prélèvements du 9 juillets confirment l’évolution avec des taux de 11 000Bq/L et 22 000 Bq/L !
Ces relevés ont été effectués dans un forage situé entre les réacteurs de la centrale et le bord de mer.
« Nous ne sommes pas pour le moment en mesure de dire si l’eau contaminée s’écoule ou non dans la mer » déclare Tepco. L’ignorance de la compagnie ne s’arrête pas là puisqu’elle n’avance aucune explication quand à l’origine de cette élévation. Tepco en est réduite à renforcer les contrôles et les prélèvements. La société promet toutefois de bâtir une paroi enterrée étanche, positionnée entre la centrale et l’océan. Celle-ci devrait être achevée début 2014.
Le problème est qu’aujourd’hui, la contamination des eaux de mer semble ne plus faire aucun doute. Même l’autorité de sûreté nucléaire japonaise reconnait qu’ « il existe de forts soupçons que l’eau hautement radioactive accumulée dans le sol ne se répande dans la mer ».
En effet, pour refroidir les réacteurs, Tepco verse en continu 5 m3 d’eau douce par heure et par réacteur, soit des centaines de tonnes d’eau. Celle-ci s’écoule au travers de nombreuses galeries et tranchées, et est finalement pompée. L’eau est ensuite partiellement décontaminée puis réinjectée dans le circuit de refroidissement des réacteurs. Mais cette eau pourrait bien s’infiltrer dans la nappe phréatique située juste en dessous de la centrale et la contaminer. Les composés radioactifs qui auraient ainsi migrés depuis le début de la catastrophe remonteraient vers le bord de mer, d’où ces mesures de radioactivités avec des seuils de plus en plus élevés.
Si cette hypothèse, émise par l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), est la bonne, alors les seuils vont continuer à augmenter jusqu’à atteindre un pallier, avant de finalement redescendre.
Shunichi Anaka, directeur de l’autorité de sûreté nucléaire japonaise souhaite désormais que « tout en faisant la lumière sur l’origine de cette contamination, soient prises les mesures appropriées. Il est également nécessaire d’évaluer l’impact sur les espèces halieutiques et les fonds marins ».
Dévastée par un tsunami en mars 2011, la centrale de Fukushima pourrait bien mettre plus de quarante ans à être démantelée.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique