Lors de la réunion annuelle de l'American Association for the Advancement of Sciences, des physiciens, dont Joseph Lykken, ont annoncé que l'univers tel que nous le connaissons pourrait bien toucher à sa fin d'ici quelques milliards d'années. La faute en revient au Boson de Higgs et plus particulièrement à sa masse qui rendrait l'univers instable.
L’idée que l’on pouvait se faire de l’univers vole ainsi en éclats. Non, il n’est pas éternel. Il a même une date de fin. Rien de précis, mais les scientifiques, d’après leurs calculs, l’estiment à une ou plusieurs dizaines de milliards d’années. Joseph Lykken, physicien au laboratoire Fermi National Accelerator de Batavia et membre de l’équipe du Cern dédiée à la recherche du boson avec le LHC, s’est ainsi exprimé : « Il se pourrait que l’univers dans lequel nous vivons soit intrinsèquement instable et qu’à un certain stade, dans quelques milliards d’années, il soit effacé. »
La découverte et confirmation de la théorie de Peter Higgs, en juillet 2012, saluée par les scientifiques en fin d’année, semble désormais synonyme de mauvaise nouvelle. En effet, comble de l’ironie, la particule élémentaire du modèle standard responsable de la masse des autres particules crée une instabilité au sein de l’univers susceptible de le détruire à cause de… sa masse ! Sans le Boson, pas de matière pourrait-on résumer. Or, la masse du Boson est déterminante, c’est un élément clé du fonctionnement de l’univers, passé et à venir. Dans le cas présent, les expériences ont permis de conclure que le boson a une masse d’environ 126 gigaélectronvolts, 126 fois supérieure à celle du proton.
Le physicien Michael Peskin met en cause la légèreté de la particule « de Dieu » et la masse trop lourde du quark top. Ils engendrent une instabilité fondamentale dans le champ de HIggs qui a pour effet d’altérer les règles physiques existantes. Par conséquence directe, la masse des objets de l’univers – tels que les planètes, les étoiles ou encore les atomes – serait différente et ces objets ne pourraient plus interagir de la même manière.
Là ou ça devient franchement fou, parce que cela ressemble à de la science-fiction, c’est dans la manière qu’à l’Univers de disparaître sous l’effet de cette instabilité. Selon les mots de Joseph Lykken : «Une petite bulle de ce que vous pouvez imaginer comme un univers “alternatif” apparaîtra quelque part et, ensuite, son expansion nous détruira ». La phrase est lâchée. Une petite bulle avalera notre univers à la vitesse de la lumière et sans que l’on s’en rende compte, plus rien.
Toutefois, les calculs des scientifiques s’appuient sur les connaissances actuelles. Elles gonfleront très certainement avec le temps. Les physiciens n’assurent pas non plus à 100 % être à l’abri d’une erreur, qui, aussi infime puisse-t-elle être, pourrait tout changer. Il suffirait que le Boson soit juste plus lourd de 3 GeV pour que l’univers soit stable. De nouvelles mesures sont attendues pour mars 2013. Et de toute façon, la Terre disparaîtra bien avant lorsque notre soleil entamera sa dernière métamorphose, pour passer de naine jaune à géante rouge. Soit dans un peu moins de cinq milliards d’années.
Par Sébastien Tribot, journaliste scientifique
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