Lors de son discours du 14 octobre 2021, à l’occasion du plan de Relance 2030, le Président Emmanuel Macron citait le biomimétisme comme levier d’innovation. L’intérêt des pouvoirs publics pour cette thématique porteuse n’est pas soudain, puisque l’ADEME est officiellement engagée pour le développement du biomimétisme, en partenariat avec le CEEBIOS, depuis novembre 2019.
Une étude (en suivant ce lien, vous en trouverez une synthèse réalisée par Myceco)*, soutenue par l’ADEME, a été réalisée sur la base d’entretiens auprès d’une quarantaine de parties prenantes du monde de la recherche, de l’industrie ou de l’action publique et s’inscrit dans la continuité de la feuille de route nationale portée par le CEEBIOS.
Le biomimétisme : un terme à la sémantique très large, riche et évolutive
Le biomimétisme est une démarche de bioinspiration :
- pour une innovation orientée vers la conception de technologies durables ;
- qui permet de défixer la pensée créative pour répondre aux enjeux sociétaux ;
- qui peut aussi être perçue comme une philosophie véhiculant une conception nouvelle du monde.
À ce concept de biomimétisme est associé un champ lexical foisonnant et le rapport met en avant son aspect tentaculaire. La sémantique de ce concept se décompose en trois catégories de termes :
1- Ceux reflétant une inspiration du comportement du vivant
Exemples : bioinspiration, écomimétisme, biomimétique, économie circulaire, symbiose industrielle.
2- Les termes qui se rapportent à l’utilisation du vivant
Exemples : écoconception, ingénierie écologique, biosourcing, bioéconomie.
3- Ceux qui impliquent une intervention sur le vivant
Exemples : biologie de synthèse, biotechnologies, OGM, bionique.
Faire du biomimétisme un levier de soutenabilité environnementale et économique
Quoi qu’il en soit, au-delà des considérations sémantiques, il est certain que le biomimétisme a tout le potentiel pour devenir un facteur majeur de développement économique, social et environnemental dans les années à venir.
Huguette Tiegna, Députée du Lot et membre de la Commission des Affaires Économiques, en est convaincue, comme l’atteste l’extrait d’une déclaration figurant en conclusion du rapport :
« Le biomimétisme permet de créer de nouveaux emplois, comme ceux liés aux technologies bioinspirées pour lutter contre la pyrale du buis et le frelon asiatique. C’est une façon de créer des innovations dans les territoires avec des ressources locales, poussant les jeunes entreprises innovantes à s’installer sur le territoire. Le décrochage d’emplois non délocalisables en fait donc un enjeu de vitalité territoriale. »
Le rapport met aussi en avant 4 motifs qui font du biomimétisme un levier de souveraineté :
- Notre réseau économique, technologique et académique qui intègre la pratique du biomimétisme, est déjà fortement développé.
- Nous disposons d’un patrimoine qui représente une immense source de savoir (10 % de la biodiversité mondiale, 2e espace maritime au monde).
- Notre culture et notre histoire sont en phase avec le caractère transversal et initiateur du biomimétisme.
- Les secteurs et domaines d’activités concernés par l’innovation promue par le biomimétisme sont extrêmement variés.
Vers une charte pour un biomimétisme vertueux et orienté développement durable ?
Si nous voulons que le biomimétisme soit un outil permettant l’essor d’un modèle de société basé sur le développement durable, il est également important de voir au-delà des considérations technologiques.
En effet, bien que le biomimétisme permette de réaliser d’innombrables innovations technologiques, il faut aussi s’assurer qu’elles ne soient pas détournées vers une utilisation contraire au développement durable. Pour aller vers un développement vertueux du biomimétisme, celui-ci nécessite donc d’être encadré.
À ce titre, de nombreux intervenants s’accordent sur la nécessaire mise en place d’une charte du biomimétisme, qui pourrait donner lieu à la mise en place d’un label.
Pour en savoir plus, nous vous invitons à lire l’étude complète.
Vous pouvez également consulter une récente note scientifique de l’office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques.
Myceco est un cabinet de conseil en biomimétisme et numérique responsable tourné vers l’innovation.
Le Centre d’études & d’expertises en biomimétisme (Ceebios) est une Société Coopérative d’Intérêt Collectif (SCIC) à but non lucratif qui veut faire du biomimétisme un levier majeur de la transition écologique et sociétale.
VertigoLab est un bureau d’études et de recherches spécialisé en économie de l’environnement.
*Les informations présentées dans l’article sont issues de cette synthèse.
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