C’est bientôt l’heure du bilan des objectifs à long terme de l’Accord de Paris. Et rapport après rapport, le constat est sans appel : le monde se dirige actuellement vers un réchauffement de + 2,7°C. Les 100 milliards de dollars d’aide promis par les pays développés en 2009 aux pays du Sud à partir de 2020 ne sont toujours pas réunis. Le défi est grand : arrivera-t-on à renforcer les capacités d’adaptation ? Rendre les flux financiers compatibles avec la trajectoire de développement bas carbone ? Et pourra-t-on atteindre un pic des émissions mondiales avant 2030 ? Le Bilan mondial, qui doit être adopté à l’issue de la COP28 à Dubaï le 12 décembre prochain, permettra de s’en assurer.
Dans le cadre de l’Accord de Paris, les pays ont pris des engagements de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Il s’agit des contributions déterminées au niveau national (CDN, ou National Determined Contribution, NDC). « Ce bilan mondial est destiné à éclairer la prochaine série de NDC que doivent soumettre les Parties à l’Accord de Paris en 2025 », partage Mark Tuddenham, responsable de l’information au CITEPA (Centre interprofessionnel technique d’études de la pollution atmosphérique) et expert des négociations internationales sur le climat. Ils courront jusqu’en 2035 ou 2040, suivant la préférence des pays.
Un bilan technique et politique
En septembre 2023, l’organisme des Nations Unies chargé du changement climatique, la CCNUCC (appelée aussi ONU Climat) a publié un rapport de synthèse technique. S’il ne fournit aucune nouvelle donnée en termes d’émission ou de projection par rapport au dernier rapport du GIEC et au « Gap report » du PNUE, il dresse un panorama en termes d’efforts climatiques sur l’atténuation, l’adaptation et la finance à travers 17 messages clés. « La conclusion globale est sans équivoque : des actions beaucoup plus importantes sur tous les fronts et par tous les acteurs sont nécessaires pour atteindre les objectifs à long terme de l’Accord de Paris », résume Mark Tuddenham.
Les travaux de ce premier Bilan mondial s’achèveront lors de la COP28 à Dubaï. Après l’évaluation technique, c’est le temps des négociations politiques. « La phase politique va être déterminante et délicate. La question est de savoir comment ces résultats techniques vont être interprétés et se concrétiser sur le plan politique et le niveau d’ambition associé », avance Mark Tuddenham.
Que faut-il en attendre ?
Une série d’événements de haut niveau, ainsi que les réunions entre chefs d’État devraient aboutir à des recommandations politiques clés. « Cela devrait mener à l’adoption d’une décision spécifique de la CMA-5 (5e réunion des Parties à l’Accord de Paris, NDLR) et d’une déclaration politique par les ministres et chefs d’État et de gouvernements réunis à Dubaï, prévient Mark Tuddenham. Ces recommandations clés devront être prises en compte par les États lorsqu’ils mettront à jour leur NDC. »
En amont de la COP28, l’expert note « un large consensus sur le fait que l’action climat n’a pas été suffisante et que toutes les Parties doivent la renforcer et renforcer le soutien aux pays en développement ». Toutefois, « il y a divergence des points de vue sur les questions de savoir comment atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et comment répartir les efforts de réduction et de financement. » Les négociations, qui dureront 15 jours, devront permettre d’arriver à une position commune.
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