« Construire des bâtiments BePos à énergie positive, ce n’est pas compliqué : il suffit de réduire drastiquement les consommations et couvrir ses consommations par des énergies renouvelables, et ça coûte à peine plus cher », commente l’architecte Françoise Hélène Jourda. « Ce qui est beaucoup plus compliqué c’est d’intégrer cela dans une démarche de développement durable globale, prendre en compte la qualité renouvelable des matériaux, l’aspect santé, récupérer les eaux de pluies, etc. », poursuit-elle.
Pour les matériaux de construction, il n’y a pas 36 solutions : « Quand on raisonne soutenable ou durable, on essaie d’utiliser des matériaux renouvelables, donc on utilise principalement du bois », insiste-t-elle.
« Le salut viendra de l’innovation », estime quant à elle Elisabeth Pélegrin-Genel, architecte et urbaniste. Les bonnes technologies nous permettront de relever les défis énergétiques. Mais au-delà de la simple innovation technique, il faut changer notre regard sur la ville.
Du BePos à la ville à énergie positive
En travaillant sur les bâtiments à énergie positive, les architectes découvrent qu’il y a un nouvel optimum à chercher à l’échelle de l’îlot et du quartier, et non pas seulement au niveau du bâtiment.
« Partant du BePos, on soulève la vraie question de l’évolution de nos modes de vie en ville », estime Alain Maugard, Président de Qualibat, organisme de qualification et de certification des entreprises du Bâtiment.
« Trouvons donc l’optimum au niveau du bâtiment, de l’îlot, du quartier, puis de la ville, lance-t-il, car plus l’on change d’échelle et plus la dimension énergétique est réductrice ». « La dimension énergétique doit être le moteur qui fait démarrer la vraie réflexion sur le gaspillage des mètres carrés et voir ce que l’on peut mettre en commun », ajoute Elisabeth Pélegrin-Genel.
Nos trois experts insistent sur le fait qu’il faut réorganiser les mètres carrés, mettre en commun les parkings et les espaces verts au niveau de l’îlot. « On doit retrouver de l’espace collectif public par opposition aux parties privatives de chaque copropriété », affirme Elizabeth Pélegrin-Genel. « Ce n’est pas en tartinant de panneaux photovoltaïques qu’on inventera la ville de demain, c’est en regardant ce que l’on fait dessous », conclut-elle.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
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