La question de la taxation du kérosène s’invite dans le début sur l’avion à hydrogène. Dans une nouvelle étude, l’ONG Transport & Environnement souligne en ce sens l’utilité de taxer le kérosène fossile à hauteur de 0,37 euro par litre, conformément à la proposition de directive de la Commission européenne. Avec une telle taxe, faire voler un avion à hydrogène sur des vols intra-européens coûterait 2 % de moins que les avions à kérosène fossile en 2035. Au contraire, en l’absence de cette taxe, l’avion à hydrogène entraînerait un surcoût de 8 %.
En Europe, l’avion à hydrogène est développé par Airbus via l’un de ses concepts « ZEROe ». Et il est prévu pour 2035. « La construction de ces avions est économiquement possible, mais si nous voulons qu’Airbus tienne ses promesses, nous devons créer un marché pour les avions à zéro émission, en taxant le carburant fossile et en imposant progressivement les avions à zéro émission à l’avenir » réagit Jérôme du Boucher, responsable aviation à T&E France, via communiqué.
Un déploiement de l’hydrogène qui coûtera très cher
L’étude de Transport & Environnement estime à 299 milliards d’euros les coûts nécessaires pour produire et distribuer l’hydrogène destiné à l’aviation européenne jusqu’en 2050. Si le développement des avions à hydrogène ne représente que 5 % de ce coût, la production d’hydrogène par électrolyse de l’eau fait monter la facture.
L’étude prévoit que l’ensemble de cet hydrogène soit produit via des sources renouvelables, majoritairement de l’éolien et du solaire photovoltaïque. Cette production représente 54 % de la note, soit 161 milliards d’euros. Dans ce scénario, 6,7 millions de tonnes d’hydrogène par an seraient nécessaires pour propulser les avions à hydrogène en 2050. Par ailleurs, 23 % de la facture se rapporte à la liquéfaction de l’hydrogène, 12 % au développement de l’infrastructure dans les aéroports, et 6 % à sa distribution.
Il serait possible de faire 100 milliards d’euros d’économies tout en réduisant les émissions, avance Transport & Environnement. Cette autre projection repose sur une diminution de moitié du trafic lié aux voyages d’affaires par rapport à 2019, et un trafic lié aux loisirs qui ne dépasse pas le niveau pré-Covid. Ici, la demande d’hydrogène serait de 4 millions de tonnes par an en 2050. « Il n’existe pas de solution miracle pour décarboner l’aviation, rappelle Jérôme du Boucher. Les carburants durables, la réduction de la demande et l’hydrogène joueront tous un rôle. »
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