« Lorsque l’on parle de textile électronique, un aspect qui revient régulièrement est celui de la maintenance, explique Guillaume Tartare, chercheur du Laboratoire de recherche GEMTEX à l’école d’ingénieurs textile de Roubaix (ENSAIT). Va-t-il résister au lavage ? Si oui, combien ? Faut-il enlever des parties pour le laver ? ». Ces questions sont évidemment légitimes.
Avoir un vêtement et ne pas pouvoir le laver est on ne peut plus problématique. Les chercheurs ont donc développé plusieurs solutions pour isoler les parties électroniques et faire en sorte qu’elles puissent passer au lave-linge. Pour protéger les capteurs et les câbles, des résines souples étanches ou des vernis sont apposés. Dans le cas des textiles qui utilisent des fibres conductrices, les fibres sont isolées de l’extérieur grâce à une gaine, un surfil de polyamide qui va permettre d’isoler la matière plastique autour d’un fil central conducteur.
Le plus gros problème demeure l’interconnexion entre toutes les pièces électroniques et les câbles, quelle que soit leur forme. Pour assurer l’étanchéité, une surcouche de résine ou un autre type d’isolant est apposé. « Cela permet de passer au lavage sans souci, il faut simplement toujours bien penser à retirer la batterie », prévient Guillaume Tartare.
Et comment on recycle un textile connecté ?
La grande majorité des textiles intelligents déjà commercialisés utilise de l’électronique. Leur recyclage est une problématique importante. Il reste compliqué, car comme pour les textiles composites, ils renferment plusieurs fibres différentes, qu’elles soient naturelles ou artificielles à l’échelle d’un seul fil. En plus, la présence d’électronique complexifie encore la donne.
« Il serait possible d’enlever l’électronique pur, notamment les batteries ou les piles, les capteurs et le microprocesseur pour récupérer le cuivre et les métaux rares, analyse Guillaume Tartare. En revanche, une fois que le fil est intégré, il est plus difficilement récupérable. » En effet, les industriels n’iront pas détricoter un textile pour aller chercher quelques fils conducteurs qui n’auraient pas beaucoup de poids.
Pour développer le recyclage, il faudra miser sur l’éco-conception. « Malheureusement, ces questions restent encore peu développées dans les start-up qui commercialisent aujourd’hui des produits », regrette Aurélie Mossé, enseignante à l’Ecole nationale supérieure des Arts décoratifs (ENSAD).
Les nouvelles technologies ne vont pas forcément simplifier le problème, car les matériaux sont de plus en plus complexes. Lorsque les capteurs et les différents composants seront directement imprimés sur les textiles ou intégrés aux fibres, ils feront partie intégrante du textile. Il seront alors impossibles à séparer et donc à recycler avec les technologies actuelles.
La question du recyclage des textiles est au coeur du projet RETEX et sera à l’honneur du Forum de la mode circulaire les 24 et 25 mai 2018 à Roubaix.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Cet article se trouve dans le dossier :
Textiles intelligents : une filière en plein boom
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