Colombus Consulting a étudié l’avenir des stations-service en fonction de l’évolution du parc automobile, à horizon 2050. Dans trois scenarii, qualifiés de « faible », « intermédiaire » et « fort », la part des véhicules décarbonés, essentiellement électriques, dans le parc français, atteint respectivement 44 %, 70 % et 97 % en 2050.
De moins en moins de stations-service traditionnelles
Quel que soit le scénario, l’impact de la mobilité électrique sur les stations-service sera important. Les ventes de carburant traditionnels diminueront de -28 % à -47 % d’ici 2035 et entre -51 % et -83 % d’ici 2050, selon les scenarii « faible » à « fort ». Cela accentuera la transformation du secteur déjà en cours. En effet, depuis 1980, les trois quarts des stations-service ont déjà fermé. La densité est passée de 7,5 stations pour 100 km² en 1980 à 2 stations pour 100 km en 2016. « Les grandes et moyennes surfaces (GMS) ont pris le relais des stations du réseau traditionnel et représentent aujourd’hui la moitié du parc total : leur part de marché est ainsi passée de 13 % en 1980 à 63 % en 2020 », partage Colombus Consulting.
La mobilité électrique signera la fin du réseau traditionnel de stations-service. Colombus Consulting estime une baisse de leurs profits dans le scénario intermédiaire à hauteur d’un tiers d’ici 2030, et un rendement négatif à horizon 2050. Le cabinet rappelle que le réseau de stations hors autoroute n’est pas essentiel au développement de la mobilité électrique. En concurrence avec la recharge à domicile, au travail ou en voirie, il a peu de chances de subsister.
Les GMS devront aussi s’adapter à la mobilité électrique
Les GMS pratiquent de faibles marges sur les carburants afin d’attirer des clients en magasin. Mais leurs stations seront de moins en moins fréquentées. Dès 2035, la fréquentation des stations-service pour les carburants conventionnels devrait diminuer de 29 % à 48 % selon le scénario envisagé en 2035. La baisse atteindra de -54 % à -88 % en 2050. Les stations-service traditionnelles ne seront plus rentables. Mais même pour les GMS, la baisse de la fréquentation pourrait remettre en cause la pertinence de ce produit d’appel. « Les services liés à la mobilité électrique deviennent alors des leviers de différenciation et de plus en plus d’enseignes mettent à disposition des bornes de recharge pour fidéliser leur clientèle et attirer de nouveaux consommateurs », analyse François Hemono, consultant senior Énergie pour Colombus Consulting.
« La qualité de service pourrait se dégrader dans certaines zones rurales et entraîner l’apparition de zones blanches de mobilité thermique sans l’intervention des collectivités locales », prévient pour sa part Gaël Gautier, consultant senior Énergie pour Colombus Consulting. Le maintien d’un nombre minimum de stations-service pour assurer le plein des véhicules thermiques restants deviendra ainsi un nouvel enjeu pour les politiques publiques.
Des stations-service aux bornes de recharge décentralisées
Colombus Consulting prévoit une mutation des lieux de ravitaillements traditionnels, que cela concerne les stations sur autoroute ou en GMS. « L’implantation de bornes de recharges électriques et la diversification des services sont essentielles pour maintenir la rentabilité des stations sur autoroute », prévient le cabinet. Ces stations-service pourraient proposer une recharge rapide à tarif plus élevé. Une recharge plus lente, mais plus abordable, durant environ 1 heure, servirait de produit d’appel pour les services et commerces sur place.
En plus de la recharge de nécessité, par exemple au sein des copropriétés ou à proximité de son domicile, la mobilité électrique favorisera le développement de la recharge d’opportunité. Le plein d’énergie se fera beaucoup moins souvent en station-service que dans des emplacements de stationnement de longue durée, comme les lieux de loisirs, de travail, de vie ou les lieux touristiques. Les stations-service ont entre dix et quinze ans pour se préparer à cette nouvelle réalité.
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