Selon le Baromètre des énergies renouvelables électriques en France d’Observ’ER, l’autoconsommation s’installe bien dans le paysage énergétique français. Plus de 85 % des installations faites en 2018 et 2019 sur le marché résidentiel sont en autoconsommation avec ou non revente de l’électricité en surplus. Toutefois, les volumes totaux de puissance annuels ne progressent pas.
« Il y a eu un effet de substitution entre les opérations faites en revente totale de l’électricité produite sur le segment de plus de 3 kilowatts [kW] jusqu’à 9 kW pour des installations en autoconsommation qui se font majoritairement sur la tranche de moins de 3 kW », observe le Baromètre. Désormais, les Français préfèrent majoritairement autoconsommer au moins une partie de leur production photovoltaïque plutôt que de la revendre intégralement à EDF. Pour autant, cela n’a pas permis d’augmenter les volumes d’installation.
Autoconsommer, l’assurance d’un prix connu
Pourquoi autoconsommer ? « La première motivation n’est pas la rentabilité économique mais le fait de produire son électricité verte qui va être autoconsommée et valoriser le surplus », détaille Richard Loyen, délégué général d’Enerplan, le syndicat de l’énergie solaire renouvelable. Le retour sur investissement varie aujourd’hui entre 10 et 15 ans en fonction de l’ensoleillement, au prix actuel de l’électricité. La rentabilité économique réelle dépendra demain fortement du pourcentage de l’inflation du prix de l’électricité sur les 20 prochaines années. « Aujourd’hui, l’installation de panneaux solaires en autoconsommation offre une assurance contre l’inflation du prix de l’électricité », prévient l’expert.
La France compte un total de 52 000 installations solaires en autoconsommation pour une puissance de 194 mégawatts (MW) dont 158 MW avec injection de surplus. Les trois quarts de cette puissance proviennent de sites ayant une puissance égale ou inférieure à 6 kW, donc relatifs au segment du résidentiel. Toutefois, l’installation de nouveaux panneaux sur le marché résidentiel individuel plafonne entre 80 et 100 mégawatts (MW) chaque année. « Ce rythme reste poussif au regard du potentiel du pays et des tendances observées dans d’autres pays voisins, confirme le rapport. En Espagne, 236 MW ont été installés en 2018, et le pays en attend 400 MW en 2019. »
Des volumes supplémentaires pour l’autoconsommation
Plusieurs facteurs permettent d’expliquer ce retard. Ainsi, Enerplan met en avant les complexités administratives et réglementaires pour les particuliers. Les particuliers peuvent mettre jusqu’à 7 mois pour obtenir le raccordement d’un panneau en autoconsommation avec vente de surplus. En plus, la TVA est de 10 % sur les puissances inférieures à 3 kW mais de 20 % sur celles au-dessus, ce qui favorise les installations de petite puissance. Les professionnels évoquent aussi des aides peu lisibles, des abattements fiscaux différenciés en fonction de la quantité de courant revendu, ainsi que l’impact négatif sur l’image de la filière de l’action des éco-délinquants.
Des freins à lever sur l’autoconsommation collective
La France est particulièrement en retard sur l’autoconsommation collective. En septembre 2019, le secteur ne comptait que 16 sites en service, 2 en démarrage et une file d’une centaine de projets en préparation. L’une des principales barrières avancées par Enerplan est une fiscalité encore trop dissuasive.
« Pour les opérations de moins de 30 kW, la fiscalité et le tarif d’utilisation des réseaux d’électricité (Turpe) appliqués engendreraient des temps de retour sur investissement trop longs, autour de vingt-cinq ans », calculent les auteurs du rapport. Enerplan demande donc une réforme du Turpe, une exonération de la taxe intérieure sur la consommation finale d’électricité (TIFCE) et une multiplication de primes à l’investissement.
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