La firme japonaise Obayashi projette de construire un ascenseur spatial reliant la Terre à une station spatiale réalisée par leurs soins sur une distance de 96 000 kilomètres... Dès 2050 !
Les projets d’ascenseur spatial seraient-ils en vogue ? Nous évoquions déjà dans ces pages, il y a à peine quelques semaines, le projet d’ascenseur spatial des laboratoires Google X, avorté par manque de moyens financiers.
Présentement, c’est au tour de l’entreprise de construction Obayashi de s’y mettre et d’indiquer son intention de rendre accessibles les voyages spatiaux via un ascenseur plutôt qu’en fusée. Son objectif : transporter des marchandises et/ou des hommes (30 maximum) dans des navettes « propulsées par des moteurs magnétiques ». Ces voyages dureront sept jours selon l’entreprise.
Si l’idée a de quoi séduire, elle paraît toujours aussi extraordinaire! Tout comme sa mise en oeuvre, extrêmement compliquée, qui semble toujours autant relever de la science-fiction. Yoji Ishikawa, le responsable Recherche et Développement d’Obayashi, y croit pourtant. Et bien que conscient des difficultés d’un tel ouvrage, il ne semble pas découragé pour autant. Sûrement par égard pour les infrastructures gigantesques déjà réalisées par Obayashi. Car au cas où vous n’en auriez pas entendu parler, sachez qu’elle est en charge de nombreux projets aux proportions impressionnantes : centres commerciaux, usines colossales, le laboratoire national Lawrence Berkeley… En outre, c’est elle qui est responsable de la construction du pont Hoover Dam Bypass, du métro de Dubaï, de la tour Skytree à Tokyo… Voilà pour la situer.
Deux contraintes demeurent néanmoins très embarrassantes!
Premièrement, un matériau assez solide pour résister aux pressions gravitationnelles auxquelles sera soumis l’ascenseur spatial n’existe pas sur Terre à l’état naturel. Et même si les chercheurs comptent beaucoup sur les nanotubes de carbone – qui seraient cent fois plus résistant que l’acier – ce n’est encore qu’un espoir car le développement de cette technologie n’en est qu’à ses balbutiements. Le plus grand nanotube de carbone, à ce jour, n’excède pas 3 centimètres. Alors imaginez maintenant couvrir la distance faramineuse de 96 000 kilomètres avec ce matériau. Inconcevable ? Là encore, Yoji Ischiwa prétend que la contrainte n’est que temporaire et devrait être résolue autour de 2030.
Il y a aussi la dimension financière, non négligeable. Si aucun chiffre n’est avancé, le coût total de l’opération doit être au moins aussi impressionnant que le travail à accomplir… Il s’agit clairement d’un projet à envergure internationale, que ne peut porter sur ses épaules seules une grande entreprise. Yoji Ishiwa le dit d’ailleurs lui-même, «ce n’est pas un pays ou une entreprise seule qui pourra faire naître ce projet fou ». Les universités japonaises ont tout de même été mises à contribution pour rechercher des solutions. Mais si le projet voit le jour, le trajet pour se rendre jusqu’à la station spatiale serait « low-cost » : 200 euros.
Ce qui est sûr, c’est que l’ascenseur spatial soulève diverses questions. Ce scénario est-il plausible compte tenu du timing annoncé ? La compagnie Obayashi fait-elle preuve de réalisme ou d’optimisme ? N’est-ce pas qu’un coup de projecteur ? Et pire, le projet présente-t-il un intérêt alors que les fusées ont fait leurs preuves ? Les réponses devrait survenir dans quelques années. D’ici là, on peut souhaiter à Obayahi bien du courage.
Par Sébastien Tribot
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