La guerre en Ukraine est devenue un laboratoire grandeur nature pour les drones. Les États-Unis ont envoyé des drones suicide Switchblade. Les forces spéciales ukrainiennes les ont notamment utilisés pour frapper un char T-72B3 de l’armée russe.
Les Ukrainiens utilisent également des drones furtifs (baptisés « The Punisher ») capables de transporter 3 kilos d’explosifs et de se situer jusqu’à 50 km derrière les lignes ennemies. Enfin, Kiev a utilisé des drones sous-marins contre la flotte russe en Crimée. De leur côté, les Russes exploitent des drones livrés par l’Iran.
L’efficacité des drones en Ukraine favorise le développement de projets. À la différence des drones grand public qui nécessitent d’avoir un opérateur par machine, les essaims de drones peuvent être contrôlés comme une seule unité militaire. Cette synchronisation parfaite est aussi utilisée lors d’événements grand public ou pour fêter les 10 ans du jeu vidéo Candy Crush (environ 500 drones équipés de LED au-dessus de New York).
Des attaques kamikazes
Cette synchronisation parfaite intéresse de nombreux pays, notamment la Chine, la Russie, l’Inde, le Royaume-Uni, la Turquie et Israël. Ce dernier est d’ailleurs devenu en 2021 la première nation à utiliser des drones en essaim au combat. Ces drones s’appuient sur l’intelligence artificielle pour coordonner leurs actions (recherche dans une zone, exécution d’une attaque synchronisée…).
La marine américaine travaille à la construction, au déploiement et au contrôle de milliers de petits drones capables de se regrouper pour submerger les défenses antiaériennes par leur nombre. Ce n’est pas la première fois qu’elle se lance dans ce type de projet.
En 2017, elle avait fait la démonstration d’un essaim de 30 drones volant ensemble. L’idée est que les drones portent des ogives explosives pour des attaques kamikazes, ce qui en fait des missiles de croisière miniatures. Ce projet, baptisé LOCUST (pour « low-cost UAV swarming technology »), relève désormais de la mission plus vaste du Super Swarm.
En avril de l’année dernière, un essaim de drones de la marine a mené pour la première fois une attaque contre un navire lors d’un exercice de jeu de guerre. Un essaim de drones pourrait attaquer sous plusieurs angles, dans le but d’endommager ou de détruire des systèmes critiques comme les antennes radar, les canons de pont et les systèmes d’armes des navires.
Des drones imprimés en 3D
Certains drones porteront des capteurs, des brouilleurs ou d’autres équipements de guerre électronique. Mais les essaims de drones sont toujours confrontés au problème de la portée limitée. Le Raytheon Coyote, utilisé dans le programme LOCUST, ne pouvait voler que pendant deux heures à 80 km/h.
Pour relever ce défi, la marine américaine a lancé un autre projet. Baptisé DEALRS (Deployment and employment of autonomous long-range systems), il consiste à travailler sur des systèmes dits « vaisseaux mères » : de grands avions sans équipage transportant plusieurs petits drones. Deux fabricants de drones américains, Kratos et General Atomics, ont déjà fait la démonstration de drones plus grands lançant des drones plus petits.
Malgré un budget conséquent, la Marine cherche aussi à réduire les coûts. Un projet appelé MASS (Manufacturing of autonomous systems at scale) utilise l’impression 3D et des outils de conception numérique pour créer des drones à bas prix en grand nombre.
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