Jusqu’à présent, les modèles climatiques prévoyaient que les températures dans l’océan Arctique entre le Canada, la Russie et l’Europe augmenteraient lentement et de manière stable. Elles augmentent en réalité beaucoup plus rapidement que prévu. Au cours des 40 dernières années, les températures ont ainsi augmenté d’un degré par décennie en moyenne. La hausse a même atteint 1,5°C par décennie sur la mer de Barents et autour de l’archipel norvégien de Svalbard, selon l’alerte lancée par une étude parue en juillet dans le journal Nature Climate Change.
« Nos analyses des conditions dans l’océan Arctique montrent que nous avons clairement sous-estimé le rythme d’augmentation de la température dans l’atmosphère au plus proche du niveau de la mer, ce qui a finalement fait fondre la glace de mer plus rapidement que prévu », explique dans un communiqué Jens Hesselbjerg Christensen, professeur à l’Institut Niels-Bohr de l’Université de Copenhague (NBI). Les chercheurs estiment qu’il est impératif de mieux étudier les conséquences que cela entraînera dans la région et appellent à respecter les engagements de réduction des émissions pris dans le cadre de l’Accord de Paris.
Un seul précédent durant la période glaciaire
Les chercheurs du NBI, en collaboration avec l’Université de Copenhague, des universités de Bergen et d’Oslo, de l’Institut de métrologie danois et de l’Université nationale australienne, ont analysé l’évolution des températures dans l’océan Arctique au cours de la dernière période glaciaire entre 120 000 ans et jusqu’à 11 000 ans et l’ont comparé à l’évolution actuelle. « L’augmentation brutale de la température qui se produit actuellement dans l’Arctique n’a de précédent que pendant la dernière période glaciaire, livre Jens Hesselbjerg Christensen. Pour cette époque, les analyses des carottes glaciaires ont révélé que les températures au-dessus de la calotte glaciaire du Groenland ont augmenté plusieurs fois, entre 10 et 12 degrés, sur une période de 40 à 100 ans. »
Les chercheurs appellent à mieux simuler l’impact d’un changement climatique brutal sur l’Arctique pour se doter de modèles capables de prédire avec plus de précision les augmentations de température mondiales. « Les changements se produisent si rapidement pendant les mois d’été que la glace de mer disparaîtra probablement plus rapidement que la plupart des modèles climatiques ne l’avaient jamais prédit », s’alarme Jens Hesselbjerg Christensen. Une autre étude parue dans la même revue en août estime ainsi que la glace de mer pourrait disparaître en été dès 2035. À cet horizon, la glace de mer occuperait moins d’un million de km² en septembre. Le minimum historique a été atteint en 2012, à 3,4 millions de km².
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