Très investie dans l’étude de la toxicité des nanomatériaux, l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES) vient de rendre publique son avis suite à son travail d’actualisation des connaissances sur les nanomatériaux et leur éventuelle nanotoxicité. Pour l’Agence, la littérature est suffisamment riche en éléments à charge pour se doter d’outils performants pour le suivi et le contrôle des nanomatériaux. Et bien qu’aucune donnée impliquant l’homme de façon directe n’existe, les effets sur la santé observés in vitro ou sur l’animal sont interprétés comme la preuve de leur toxicité, et a minima comme suffisants pour justifier un certain nombre de précautions. L’Anses rappelle que les recherches effectuées ont montré « la capacité des matériaux à franchir les barrières physiologiques ». Parmi les dangers on retrouve des effets cancérogènes, génotoxiques, une persistance et donc une accumulation dans le corps, ainsi qu’un impact sur le système nerveux.
En janvier 2013, la France mettait déjà en place une déclaration obligatoire pour les industriels de déclarer les nanoparticules utilisées. L’Anses veut aller plus loin en durcissant le Reach, notamment en l’étendant aussi aux substances utilisées dans des quantités inférieures à la tonne, une sorte de nano-Reach. Une recommandation qui fait grincer des dents l’Union des industries chimiques, très concernées par l’utilisation des nanomatériaux et qui juge un tel renforcement comme un frein au développement des entreprises.
Une deuxième recommandation concerne « la mise en œuvre de projets pluridisciplinaires permettant de développer les connaissances sur les caractéristiques des nanomatériaux et de leurs dangers, tout au long du cycle de vie des produits ». Une démarche délicate puisque tester la toxicité de tous les nanomatériaux connus prendrait un demi-siècle, selon l’estimation du Centre stratégique français. En 2009, l’Anses avouait son incapacité à conclure dans un sens ou dans l’autre sur la dangerosité des nanoparticules, et déplorait qu’en 2009 seulement 2% de la recherche concernaient leurs effets sur la santé. Un chiffre en nette hausse puisque ce sont désormais 8% des travaux qui s’y intéressent. Une évolution clairement encouragée par l’Anses.
Lire l’avis : www.anses.fr
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