Même si les américains de SpaceX et de Blue Origin ont déjà un bon train d'avance sur les futurs lanceurs réutilisables, d'autres nations spatiales se positionnent sur ce marché. L'Inde avec un premier vol suborbital d'essai et une alliance Japon / France via le projet Callisto.
Quelles que soient les options choisies, l’objectif reste partout le même : réduire les coûts d’accès à l’espace. Côté américain, SpaceX, après avoir essuyé plusieurs échecs, vient maintenant de faire atterrir le premier étage de sa fusée Falcon9, trois fois de suite en 7 semaines sur la mer (8 avril, 5 mai, 27 mai 2016). Des succès notables car ils ont montré que la récupération du premier étage était aussi possible pour de vrais lanceurs, après des mises en orbites géostationnaires, et pas seulement après un vol suborbital d’une petite fusée comme celle utilisée par l’américain Blue Origin.
Inde : premier vol réussi du démonstrateur
Le 23 mai dernier, l’agence spatiale indienne, l’ISRO a lancé une mini-navette spatiale en vol suborbital. Ce premier vol d’essai s’est passé sans encombre : attachée à un booster HS-9, RLV-TD s’est détachée de son lanceur à 56 km d’altitude pour atteindre seule 65 km avant de redescendre. L’engin a amerri à 450 km de son site de lancement en remplissant tous les objectifs de la mission. La récupération du véhicule n’était pas prévu à ce stade. Il inaugurait la première phase de test d’un programme de lanceur réutilisable indien. Ce premier vol visait à tester le système de navigation et l’amerrissage contrôlé, le fonctionnement de la propulsion et la protection thermique de l’engin. Les prochaines étapes testeront respectivement, l’atterrissage sur piste, comme le faisait les navettes spatiales américaines, puis un atterrissage en toute autonomie et le lancement via un statoréacteur supersonique. Cette dernière étape, notamment, est particulièrement ambitieuse, car la propulsion par statoréacteur supersonique n’a jamais été développé autrement que pour des prototypes. L’Inde pourrait, si elle réussit son pari, disposer d’ici 10 à 15 ans d’un avion orbital basé sur un superstatoréacteur, allié à un lanceur classique pour le deuxième étage qui mettrait des satellites en orbite.
France / Japon : ne pas rester hors course
Le CNES et l’agence spatiale japonaise Jaxa viennent de rendre publique leur collaboration autour d’un projet d’engin spatial réutilisable dont le premier démonstrateur pourrait décoller en 2020. Une coopération initiée à travers un contrat signé en octobre 2015 entre les deux agences. Pour l’instant, ce sont des études préliminaires qui sont en cours. Si elles s’avèrent concluantes, les partenaires espèrent présenter un démonstrateur dès 2020. Un véhicule spatial miniature de 10m de hauteur pour 1 m de diamètre qui ferait un vol suborbital à 100km avant de revenir sur Terre. Son nom a déjà été trouvé : Callisto. Le choix de ne pas passer par l’agence spatiale européenne, a notamment été dicté par des impératifs temporels. Un cadre multilatéral permet d’avancer plus rapidement et d’initier le projet tout de suite. D’autres partenaires sont attendus, tels que l’Allemagne via son agence spatiale DLR qui vient d’être associée au projet. Pour le moment, les Japonais disposent déjà d’un moteur cryogénique prévu pour la récupération et les Français mettront à disposition le centre spatial guyanais de Kourou pour les tirs. Mais, ils restent encore de nombreuses technologies à maîtriser. L’objectif du projet est clairement de disposer des technologies nécessaires à la récupération comme alternative économique au développement actuel d’Ariane 6 dont les coûts d’exploitation doivent être bien moindre que ceux d’Ariane 5.
Sophie Hoguin
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