Coup de tonnerre dans le secteur de la chimie. Lundi 4 avril, le français Rhodia a annoncé l’OPA (Offre Publique d’Achat) « amicale » du groupe belge Solvay, à hauteur de 3,4 milliards d’euros. Cette opération de grande ampleur devrait hisser le nouveau groupe parmi les 20 premiers chimistes mondiaux.
« Nous avons décidé de joindre nos forces pour former un grand groupe de chimie qui aura 12 milliards d’euros de chiffre d’affaires et qui sera leader mondial dans l’ensemble de ses métiers », a déclaré, le 4 avril 2011, Jean-Pierre Clamadieux, PDG du groupe français Rhodia.
« L’offre a été recommandée à l’unanimité par le conseil d’administration de Rhodia », indique
Christian Jourquin, président de Solvay.Les deux groupes sont de même taille : 6,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour Solvay, 5,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour Rhodia ; 1 milliard d’euros d’Ebitda (bénéfice courant avant intérêts, impôt, provisions et amortissements) pour le premier, 900 millions d’euros pour le second. En termes d’effectifs, la société belge compte 16 000 employés quand le groupe français en recense 15 000. « Les métiers, les technologies sont en revanche complémentaires », précise Jean-Pierre Clamadieux.
Pour le président de Rhodia, le but de cette opération n’est pas de peser davantage face aux clients pour avoir un meilleur pricing power (capacité d’une entreprise à pouvoir imposer ses prix à ses clients). « Nos résultats du premier trimestre démontreront que le groupe est capable de défendre ses marges dans le contexte actuel », déclare ce dernier. La stratégie visée est davantage une stratégie de croissance. « Nous avons ensemble 40 % de notre chiffre d’affaires dans les pays émergents. Nous sommes ainsi un des groupes de chimie les plus exposés à ces pays à très forte croissance. Qui plus est, du fait de la structure de bilan solide, le groupe aura les moyens de saisir des opportunités dans une tendance qui est celle d’une consolidation de l’industrie chimique. »
Solvay prévoit une ouverture officielle de l’offre début juillet 2011, et sa clôture fin août 2011. Le groupe « se réserve la faculté de demander le retrait obligatoire si elle obtient 95 % des titres de Rhodia », déclare Solvay.
« Pas de suppressions d’emplois massives »
La fusion des deux chimistes devrait engendrer des synergies de coûts de 250 millions d’euros dans les trois ans, à raison de 80 millions d’euros par an. Les deux tiers des économies attendues proviendraient de « l’optimisation des coûts externes ». En conséquence, « aucune restructuration majeure » n’est envisagée dans le cadre de cette opération capitalistique, assure le groupe Solvay. « Il n’y aura pas de suppressions d’emplois », garantit Christian Jourquin. Jean-Pierre Clamadieu se montre toutefois moins catégorique : il n’anticipe pas de « suppressions d’emplois massives ». Si aucun plan social n’est prévu, les fonctions administratives devraient malgré tout faire l’objet d’« ajustements ».
Jean-Pierre Clamadieu, succèdera à Christian Jourquin, 63 ans, lorsque ce dernier aura atteint l’âge limite des 65 ans. Il devrait aussi faire son entrée au conseil d’administration de Solvay lors de l’assemblée générale ordinaire en mai 2012.
Le nouvel ensemble franco-belge verra sa présence renforcée dans ses différents segments de marché : spécialités chimiques destinées aux produits de grande consommation, construction, automobile, énergie, eau, environnement. Solvay aurait tenté en vain de racheter le groupe agroalimentaire et de biotechnologies danois Danisco, finalement tombé entre les griffes de son concurrent américain DuPont.
C.H.
Sources : BFM TV, Le Monde, Le Point
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