Les experts de l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique) ont achevé leur mission d’inspection d’une semaine au Japon, sur le site de la centrale de Fukushima Dai-ichi, lieu de la catastrophe nucléaire consécutive au séisme et au tsunami du 11 mars, ainsi que sur d’autres sites nucléaires de l’archipel.
Dans une politesse toute diplomatique, le chef de la mission, Mike Weightman, déclare avoir « apprécié la coopération du Japon ». Il félicite les autorités japonaises dans la gestion de l’évacuation des populations vivant autour de la centrale, et rend hommage à la bravoure du personnel travaillant sur le site de la catastrophe. Voilà pour les « bons points ».
Une fois les souplesses diplomatiques exécutées, l’AIEA se montre alors plus sévère. L’agence regrette qu’un programme de mesure et de suivi de l’exposition aux radiations des travailleurs et des populations, ainsi que les conséquences sur leur santé, ne soit pas encore en place. Elle déplore aussi que les risques liés au tsunami aient été sous-estimés, et ce sur plusieurs sites, encourageant la mise à jour des dispositifs de sécurité, d’évaluation des risques et l’amélioration des moyens de protection. L’agence déplore par ailleurs le manque de transparence ainsi que le manque d’indépendance des principaux acteurs de la gestion de la catastrophe. Elle souhaite enfin la mise en place rapide de centre de réaction rapide, à l’abri et sur place, pour prendre le relais dans les fonctions de secours.
Gageons que le Japon saura entendre les remarques de l’AIEA, dont le rapport final sera rendu public autour du 24 juin. La société japonaise est profondément bouleversée par la catastrophe, et il ne semble pas impossible que les autorités puissent envisager une sortie (difficile) du nucléaire, comme l’a d’ores et déjà annoncé l’Allemagne il y a quelques jours, surprenant tout le monde en prévoyant une sortie du nucléaire progressive d’ici à 2022.
Le rapport préliminaire de l’AIEA est disponible ici :
http://www.iaea.org/newscenter/news/2011/japanmission.html
Par Rahman Moonzur
DÉJÀ PUBLIÉ :
À Fukushima, la catastrophe continue
Fukushima : de « graves dysfonctionnements » dans l’évaluation de l’impact en France ?
Fukushima : des robots dans les réacteurs, et en vidéo