Les capacités en énergies renouvelables (ENR) devraient ainsi bondir de 50% d’ici à 2024, selon le scénario « central » de l’AIE (main case scenario), notamment tirées par le solaire, et plus particulièrement par les unités décentralisées à la fois sur les bâtiments (particuliers, industriels et commerciaux) dans les pays occidentaux et pour les besoins déconcentrés dans les pays en développement. L’AIE précise qu’il s’agit d’une révision de 14% de sa prospective 2018, qui prend en compte une nouvelle chute des coûts ainsi que des améliorations du contexte (notamment les appels d’offres) tant pour le solaire que pour l’éolien terrestre et en mer.
L’agence prévoit ainsi un bond de 1 220 GW des ENR d’ici à 2024, soit l’équivalent de la capacité installée aux Etats-Unis. Sur ce total, 700 GW seront implantés en solaire, largement majoritairement en photovoltaïque. L’AIE consacre un focus sur cette énergie, soulignant plus particulièrement la montée en puissance des installations décentralisées, notamment en Europe. Ainsi en 2018, 41 GW ont été installés sur des toitures, un record, indique l’AIE, qui fait de ces solutions les premières, avec 213 GW posés. L’Europe dispose ainsi de la plus grande capacité installée décentralisée au monde, soit 40% environ des implantations de ce type. Et le nombre de toitures équipées chez les particuliers devrait passer à 100 millions dans le monde d’ici à 2024, soit un doublement des surfaces couvertes.
L’éolien progressera, lui, de 351 GW, dont 12% en offshore. Ce qui signifie qu’en termes de capacité installée, l’éolien et le solaire dépasseront la capacité de l’hydraulique en 2024. Une hydroélectricité dont la croissance se poursuivra, indique l’AIE, avec 121 GW supplémentaires, mais essentiellement dans les économies émergentes et les pays développés. Quant à la biomasse, elle demeure loin de ces chiffres, même si ces énergies devraient progresser d’un cinquième d’ici à 2024.
Au final, le solaire devrait ainsi représenter 1,2 TW (térawatts) en 2024. L’éolien terrestre atteindra les 850 GW, soit une croissance de 57%. L’offshore éolien devrait voir sa capacité multipliée par trois, soit 43 GW de plus pour atteindre les 65 GW dans cinq ans, mais représentera plus de 10% de la production totale d’énergie. L’AIE publiera ce vendredi 25 un rapport spécifique sur cette ENR, à Copenhague, au Danemark, pays qui a, le premier, misé sur cette technologie. Quant à la biomasse, la progression sera de 32% d’ici à 2024, pour toucher les 171 GW installés à cette date. La géothermie n’atteindre ne revanche que 18 GW, avec une progression de 28% d’ici à 2024.
Combien de kWh ?
Reste qu’en termes de production, cela fera passer les ENR de 25% en 2018 à 30% en 2024, soit une croissance de 5,3% annuellement, et le double de la hausse de la demande mondiale, qui s’explique à la fois par la hausse des productions solaires et éoliennes, mais aussi par un ralentissement de la demande en électricité grâce partiellement à l’efficacité énergétique.
C’est toujours l’hydraulique qui représentera la part la plus grande des ENR, dépassant, selon l’AIE, les 4 500 TWh en 2024, loin devant les 2 000 TWh éoliens et les 1 500 TWh solaires (5% de la production mondiale…). En termes absolus, l’AIE souligne que les ENR progressent de 37% sur la période sous revue, ce qui représente une hausse de 2 450 TWh sur cinq ans et les deux tiers de la hausse de la production d’électricité anticipée sur la période.
Une répartition géographique déséquilibrée
Ainsi, en 2024, les ENR compteront pour plus de 9 000 TWh, mais 75% seront concentrés sur six marchés : La Chine en tête, puis l’Europe, les Etats-Unis, le Brésil, l’Inde et le Japon.
Le Brésil demeurera le pays où les ENR compte le plus dans la production d’électricité, avec 93% anticipés en 2024. La part des ENR en Europe progressera de 8% sur le période sous revue, atteignant les 40% en 2024, l’éolien représentant la majeure partie de cette progression, devant le solaire. En Chine et en Inde, ce sont également ces deux énergies qui tirent la croissance des ENR, qui dépasseront l’hydroélectricité. Aux Etats-Unis, c’est la force du vent qui joue ce rôle, tandis qu’au Japon, ce sera le solaire, selon l’AIE.
La Chine seule devrait faire progresser la capacité installée en ENR de 489 GW, majoritairement en solaire (+ 280 GW), équitablement répartis entre solaire distribué et grandes centrales. L’AIE indique avoir révisé ses prédictions à l’aune d’un changement de soutien au solaire, les grands parcs se voyant privés des tarifs d’achats, mais progressant quand même fortement. L’Agence ajoute d’ailleurs que le coût du solaire et de l’éolien terrestre se rapproche fortement du prix de l’électricité produite au charbon dans la majorité des provinces chinoises. A noter que la capacité installée en hydraulique devrait progresser de 16%, mais avec un tiers des projets reposant sur les centrales de pompage (STEP), afin d’améliorer la flexibilité du système électrique et sa résilience face à la montée en force des énergies variables (solaire et éolien). Deux pics d’ajouts de capacités correspondent aux projets géants de Wudongde et de Baihetan, pesant 26 GW à eux deux, et qui seront mis en service en 2020 et en 2023 respectivement, signale l’AIE.
Par ailleurs, la Chine ne néglige pas la biomasse, avec une hausse des capacités de 20 GW sur la période sous revue, avec un passage par l’atteinte de l’objectif 23 GW en 2020, comme prévu par le 13e plan chinois.
L’inde devrait de son côté voir progresser sa capacité en ENR de 112 GW, soit un quasi doublement, et dans la logique de son plan national défini en 2018, d’atteindre un objectif de 175 GW en 2022 et de 275 GW en 2027.
Aux Etats-Unis, la progression se poursuit, avec 50% de capacités en plus en 2024 (132 GW), surtout en éolien (+ 33 GW, dont 10% offshore) et en solaire (+ 88 GW).
Fatih Birol, le directeur général de l’AIE, a souligné à l’occasion de la présentation du rapport : « Une croissance aussi météorique hors de la sphère des fournisseurs d’énergie traditionnels va transformer la manière dont nous produisons et consommons l’électricité. Son développement doit être bien géré, pour garantir des revenus pour la maintenance des réseaux, contenir les coûts d’intégration au système et répartir équitablement les coûts entre consommateurs. »
Enfin, malgré ces résultats encourageants selon l’AIE, cette dernière signale que la croissance des émissions de CO2 continue de progresser. L’Agence appelle ainsi à focaliser plus l’attention sur les besoins en chauffage et sur la mobilité…
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