Pour l’ensemble des 4 Programmes, l’ADEME lance tout au long de l’année des Appels à Manifestations d’Intérêt (AMI) et organise la sélection, instruit et accompagne les projets lauréats jusqu’à leur industrialisation. 31 AMI ont déjà été lancés ; 27 sont clos. Cela a déjà permis de retenir 115 projets sur les 541 propositions reçues par l’agence. L’ensemble de ces projets représente un investissement total de plus de 3 milliards d’euros, les investissements d’avenir ayant pour le moment fourni 940 millions d’euros d’aides.
Les initiatives étant très nombreuses dans les champs couverts, les programmes Investissements d’Avenir ont fait le choix de parier sur des projets de taille ambitieuse de plusieurs millions d’euros. Ceux-ci concernent la réalisation d’expérimentations préindustrielles, de démonstrateurs et de premières industrielles dans les domaines des énergies renouvelables et décarbonnées et de la chimie verte, des réseaux électriques intelligents, des véhicules du futur et de l’économie circulaire. Tous ces projets nous permettent d’entrevoir les technologies de demain. Elles nous montrent la voie pour à suivre pour relever les défis environnementaux et économiques.
Place aux renouvelables !
L’ADEME a des objectifs ciblés sur le grand éolien, sur terre et sur mer, et sur l’éolien flottant ne nécessitant pas d’ancrage dans les fonds marins. L’éolien flottant suscite un grand intérêt, car il peut être déployé sur toutes les côtes, même là où les profondeurs sont supérieures à 30 mètres. Cette solution est particulièrement intéressante pour la France, les pays méditerranéens, les Etats-Unis et le Japon à cause de la profondeur des fonds marins à proximité des côtes. Sans cette technologie flottante, la France ne pourra pas atteindre ses objectifs en matière d’éolien offshore. Le projet VertiWind s’intéresse à un démonstrateur d’éolienne flottante à axe vertical d’une puissance de 2 MW. Le projet Winflo testera un démonstrateur d’une éolienne flottante à axe horizontale de plus de 3 MW pour les zones dont la profondeur dépasse les 50 mètres. De son côté, le projet SiPré simule la perturbation des radars par les éoliennes de façon à concevoir des éoliennes furtives. L’objectif est de diminuer les perturbations sur les radars météorologiques de Météo France, problème qui bloque déjà l’implantation de 3 000 MW de puissance éolienne sur le territoire !
Le solaire n’est pas non plus oublié. Le projet PV800 Export ambitionne de développer une filière industrielle française compétitive, notamment pour réaliser des wafers photovoltaïque de silicium. Au-delà du photovoltaïque, l’agence s’intéresse aussi au solaire à concentration et aux micro-centrales solaires. Ainsi, le projet HCPV 1024 Soleils vise le développement d’une nouvelle technologie solaire à concentration qui concentrera 1024 fois le rayonnement solaire.
De son côté, le projet MiCROSOL développe une microcentrale électrique solaire capable d’alimenter en continu un village isolé de 500 habitants en électricité, chaleur et eau potable sans avoir besoin de groupe diesel ou groupe électrogène. Enfin, le projet Scrib développe une solution de climatisation solaire réversible pour les bâtiments industriels et tertiaires. Elle répondra à l’ensemble des besoins de climatisation, de chauffage et de réfrigération.
Dans le cadre des investissements d’avenir, l’ADEME s’intéresse aussi aux énergies marines, aux procédés de fabrication des photopiles, à la géothermie et au stockage de l’énergie. Concernant le stockage, le projet Prévision des Energies renouvelables et Garantie Active par le Stockage d’Energie (PEGASE) vise à allier les énergies renouvelables au stockage d’énergie électrique avec une batterie NaS de 1 MW pour les îles. L’expérimentation est en cours à la Réunion pour permettre aux territoires insulaires d’atteindre 50 % d’énergies renouvelables d’ici 2020. Enfin, le projet GrHyd vise à faire du vecteur hydrogène, la solution au stockage de l’électricité renouvelable, et souhaite produire un nouveau carburant, l’Hythane®, un mélange hydrogène-gaz.
Les réseaux électriques seront intelligents
Une place importante est donnée à la recherche et à l’expérimentation en faveur de l’intégration des énergies renouvelables intermittentes dans les réseaux électriques. Ainsi, Nice Grid est le premier démonstrateur français de quartier solaire intelligent. Il intègre une forte proportion de production photovoltaïque décentralisée couplée à des solutions de stockage et utilise le compteur communicant Linky.
Un certain intérêt est aussi donné au développement de produits et de services intelligents permettant la maîtrise des consommations d’électricité, comme, par exemple, l’effacement de la pointe chez les clients. Dans ce cadre, le projet GreenLys est un test grandeur nature de gestion intelligente du réseau électrique comprenant 1 000 habitations et 40 sites tertiaires, répartis entre Lyon et Grenoble. Le démonstrateur intègre le consommateur, les installations d’énergies renouvelables (photovoltaïque, hydroélectricité,…), les véhicules électriques et les compteurs communicants Linky.
Plus spécifiquement, le projet SOGRID se consacre au développement d’une puce électronique de nouvelle génération qui équipera les millions de matériels connectés au réseau électrique. Il leur permettra de communiquer entre eux pour constituer ce réseau intelligent.
Les transports seront décarbonés
Dans le secteur des transports, les projets s’intéressent à l’hybridation des moteurs thermiques, avec notamment le développement d’une voiture hybride essence et air comprimé (projet Hybrid air). Plusieurs projets sont consacrés aux solutions de recharge des voitures électrique. L’ADEME mène aussi des expérimentations pour développer de nouveaux services de mobilité, par exemple, l’autopartage et le covoiturage, notamment avec le projet Accélérer et Unir les offres de Déplacements en Autopartage, Covoiturage et véhicules Electriques (Au-dace). Ce projet vise à créer des passerelles entre ces alternatives aux côtés des transports publics.
Le projet OPTIMOD’Lyon cherche à accélérer le report modal de la voiture particulière vers les transports en commun en créant une plate-forme d’informations sur la mobilité du territoire. L’idée est de pouvoir proposer des informations très précises sur les conditions de mobilité prévisibles en temps réel et permettre de calculer le meilleur trajet pour aller d’un point A à un point B en fonction de différents critères entrés par l’utilisateur. L’outil permettra aussi d’optimiser les tournées de livraison.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique