« Cela faisait 10 ans que l’ADEME n’était pas venue au salon de l’agriculture, partage Arnaud Leroy, PDG de l’ADEME. Nous avons des convictions fortes à partager : la transition écologique passera par les territoires et la question alimentaire, donc agricole, est essentielle à la transition écologique ». En effet, l’agence rappelle que l’alimentation, à travers le secteur agricole et l’agroalimentaire, est à l’origine de 25 % des émissions françaises de gaz à effet de serre. En ce sens, l’agence souhaite installer un dialogue avec les consommateurs et les producteurs agricoles.
Le monde agricole et les énergies renouvelables
« Le monde agricole est particulièrement important pour le développement des énergies renouvelables », prévient Arnaud Leroy. En effet, 80 % des éoliennes sont installées en terres agricoles. Hors forêts, plus de 20 % de la production d’énergies renouvelables françaises est liée au monde agricole. « En ajoutant la forêt, on monte tout de suite à 60 %, donc la mobilisation du monde agricole au sens large, y compris forestier, est essentielle dans l’atteinte des objectifs de développement des ENR du pays », complète Arnaud Leroy.
Via les investissements d’avenir, l’ADEME accompagne quelques projets innovants sur l’agrivoltaïsme. L’agence soutient par ailleurs le développement du gaz « vert ». Son scénario national « 100% gaz vert en 2050 » a été décliné en région Aquitaine. « La plus grande région agricole d’Europe peut être autonome en gaz à l’horizon 2050 en mobilisant de façon intelligente les ressources sur le territoire, aussi bien pour la production énergétique que pour la mobilité », assure Arnaud Leroy. L’agence aide à l’émergence de la filière biogaz et du gaz renouvelable en France en accordant des subventions, en accompagnant les porteurs de projet et en participant au fonds d’investissement Eiffel Gaz Vert, doté de 200 millions d’euros, aux côtés de GRTgaz.
Réduire les émissions de CO2 du monde agricole
Tous les scénarios visant la neutralité carbone en 2050 montrent l’importance de la contribution du secteur agricole et agroalimentaire dans son ensemble. « C’est le seul secteur où l’on peut jouer à la fois sur les trois leviers de lutte contre le changement climatique : la réduction des émissions, la substitution des ressources fossiles et le stockage du carbone dans les sols et la biomasse », détaille Jérôme Mousset, chef du service Agriculture et Forêt à la Direction Productions et Énergies Durables de l’ADEME.
« Il est important que l’on avance sur les réflexions et les études car ces sujets vont être au cœur de la négociation de la PAC, complète Arnaud Leroy. Il y a un coup à jouer pour tout l’élevage français, car il est démontré que les prairies sont des puits de carbone vraiment de grande intensité, beaucoup plus que toutes les cultures végétales. »
Aider les filières à s’adapter au changement climatique
L’agence développe les référentiels du label bas-carbone afin de déployer les bonnes pratiques de stockage du carbone dans les sols. « Ce label permet de garantir la quantité de carbone économisé par un acteur et de le valoriser sur le marché de carbone volontaire auprès d’acteurs privés qui souhaitent compenser leurs émissions », détaille Arnaud Leroy.
L’ADEME travaille par ailleurs avec les filières agroalimentaires dans des démarches d’éco-conception avec l’appel à projets « Green go ». La stratégie consiste à améliorer la performance environnementale de leurs produits. Un nouvel appel est en cours jusqu’au 17 juillet 2020.
En parallèle, l’agence a monté un guide pilote pour préparer trois filières à l’évolution climatique : la filière bovine viande en Bourgogne, la filière pomme en Pays de la Loire et la filière maïs en Occitanie. « L’idée de ce guide est d’avoir une stratégie de filière : essayer de caractériser l’évolution du climat dans une région à travers des indicateurs pour voir les problèmes générés sur la production et le cycle de l’eau, explique Jérôme Mousset. Ensuite, nous mettons en place des groupes de travail avec des agriculteurs et des professionnels pour élaborer un plan d’actions concret ». D’autres sujets sont à venir. « En PACA, de nouvelles filières, comme la vigne, demandent de plus en plus à avoir accès à l’irrigation ; il y a une réflexion à avoir sur les cépages, l’évolution des AOP et AOC », ajoute Arnaud Leroy.
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