La température moyenne à la surface terrestre (océans et continents) a été de 14,52°C en 2013. Soit exactement identique à celle de 2003, au centième de degré près, selon l'Administration Nationale Océanique et Atmosphérique (NOAA).
C’est une valeur légèrement inférieure à celle de 2010 (14,56°C), de 2005 (14,55°C) et de 1998 (14,53°C) selon cet organisme officiel du gouvernement américain, et très proche de la moyenne des 20 dernières années (1994-2013) qui est de 14,44°C. L’écart est inférieur à un dixième de degré. Un autre organisme américain, le GISS, dresse un tableau globalement similaire à celui de la NOAA.
La pause de la hausse des températures s’est poursuivie en 2013
Le hiatus au niveau de la température moyenne globale dure depuis plus d’une décennie et demie selon les scientifiques du climat, y compris ceux participants aux rapports du GIEC, organisme au service des politiques climatiques prônées par l’ONU. Il n’est donc plus possible de la nier ou de tenter de la marginaliser, même au nom d’une cause aussi noble que la promotion des énergies renouvelables.
En effet, selon le dernier rapport du GIEC (l’AR5) publié en 2013, « le taux de réchauffement sur les 15 dernières années (1998-2012) de 0.05 degrés Celsius par décennie est plus faible que sur la plus longue période 1951-2012 qui est de 0.12°C par décennie. » Toute chose équivalente, sur la période 1951-1997 le réchauffement a donc été selon le GIEC d’environ 0,15°C par décennie, et il est ainsi sur la période 1998-2012 trois fois moins rapide (0,05°C par décennie). L’année 2013 ne change pas cette tendance à la décélération, elle s’y inscrit au contraire pleinement.
figure 1 : Evolution des températures
D’un côté la pause compromet la stratégie de communication des partisans de l’exagération du réchauffement climatique conçue pour faire peur au grand public et aux décideurs, exagération dont raffolent d’ailleurs les médias en quête de lecteurs. Mais elle est d’un autre côté exploitée par des personnes parfois désignées comme « sceptiques », ce qui est un choix sémantique malheureux étant donné que le scepticisme est la base de l’esprit scientifique. Ces personnes veulent complètement nier l’importance du défi climatique. Parfois pour protéger les acteurs qui ont des intérêts financiers dans le secteur des énergies fossiles.
Ou alors, souvent pour des raisons idéologiques, par hostilité vis-à-vis de l’émergence des énergies renouvelables. Les énergies renouvelables, au très large potentiel, deviendront pourtant indispensables dans un contexte de stocks de combustibles fossiles non infinis et de croissance de la demande énergétique mondiale. Plusieurs milliards d’êtres humains des pays dits « du sud » aspirent à vivre au même niveau de confort que celui des européens de l’ouest.
Le débat sur la thématique climatique est devenu tellement polarisé et violent entre les deux extrêmes que les climato-modérés ont du mal à faire entendre leur voix.
figure 2 : Evolution des précipitations (1900 / 2013)
Une tendance de fond au réchauffement indiscutable
La température moyenne terrestre durant le XXème siècle a été de 13,9°C. Comparativement à cette moyenne du siècle dernier, selon les données de la NOAA, l’année 2013 se situe ainsi à +0.62°C, 2012 à +0.57°C, 2011 à +0.53°C, 2010 à +0.66°C et pour la moyenne de la décennie 2004-2013 l’anomalie est de +0.59°C. Il y a donc bien une tendance de fond au réchauffement à l’échelle séculaire, en bonne partie lié aux émissions de gaz à effet de serre d’origine humaine selon la grande majorité des climatologues. Semble s’y superposer une oscillation à l’échelle multidécennale.
Cette oscillation joue probablement un rôle clé concernant la fameuse pause du réchauffement et cette thématique a fait l’objet le 15 janvier 2014 d’une synthèse par le média scientifique de référence Nature. « Même les scientifiques qui sont confiants dans les modèles du climat reconnaissent qu’il y a une pression croissante pour tenter d’expliquer ce qui se passe » explique Nature, soulignant que d’autres scientifiques plus incisifs remettent carrément en question la validité de ces modèles. Pour le climatologue Gabriel Vecchi travaillant pour la NOAA: « il y a quelques années, vous pouviez voir le hiatus mais il pouvait être marginalisé du fait qu’il était dans le bruit. Mais maintenant c’est quelque chose qu’il va falloir expliquer ». Pour Nature « l’Oscillation Décennale du Pacifique (PDO) pourrait être une pièce cruciale pour résoudre l’énigme du hiatus ».
L’Oscillation Décennale du Pacifique possède une période de six décennies
Après une phase chaude qui pourrait expliquer une partie du boom des températures observé dans les années 80 et 90, nous venons d’entrer en ce début de XXIème siècle dans une phase froide de la PDO, phase froide qui s’accompagne d’une prédominance dans un rapport 2:1 des épisodes La Niña refroidissants sur les épisodes El Niño réchauffants, tous deux s’étalant sur des périodes bien plus courtes que les phases de la PDO. Le rapport est inversé en phase PDO chaude. Les volumes des précipitations à l’échelle globale suivent ces oscillations océaniques.
Contrairement à ce qu’essayent de faire croire certains intellectuels hostiles aux politiques climatiques prônées par l’ONU, le passage en phase océanique froide ne signifie pas que le forçage exercé par les gaz à effet de serre d’origine anthropique a disparu, la concentration en CO2 atmosphérique bat des records et le CO2 est un gaz à effet de serre. Ce forçage est simplement masqué.
Selon l’hypothèse de l’onde de stade des climatologues Marcia Wyatt et Judith Curry, hypothèse qui a fait l’objet en octobre 2013 d’une publication dans Climate Dynamics (une revue peer reviewed), la pause du réchauffement pourrait durer jusqu’à la décennie 2030.
Par Olivier Daniélo
En savoir plus :
- L’article à propos du la pause du réchauffement dans la revue Nature : http://www.nature.com/news/climate-change-the-case-of-the-missing-heat-1.14525
- Le bilan 2013 par la NOAA : http://www.ncdc.noaa.gov/sotc/global/2013/13
- La série complète des températures des 20 dernières années selon la NOAA : 1994 (14,22°C), 1995 (14.35°C), 1996 (14.22°C), 1997 (14.42°C), 1998 (14.53°C), 1999 (14.36°C), 2000 (14.33°C), 2001 (14.45°C), 2002 (14.51°C), 2003 (14.52°C), 2004 (14,48°C), 2005 (14,55°C), 2006 (14,50°C), 2007 (14,49°C), 2008 (14.41°C), 2009 (14,50°C), 2010 (14,56°C), 2011 (14,43°C), 2012 (14,47°C), 2013 (14,52°C).
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