Le prix du carbone augmente en Europe, mais n’entraîne pas encore d’effets notables sur les émissions. La réforme du SCEQE devrait toutefois rapidement changer la donne sur les six grands marchés européens de l’électricité : l’Allemagne, la France, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Pologne.
En 2018, les émissions couvertes par le Système Communautaire d’Echange de Quotas d’Emission (SCEQE) ont diminué de 3,5 % par rapport à 2017. « Les baisses d’émissions dans le secteur de l’électricité sont le facteur décisif de la réduction globale », notent les auteurs d’une étude du cabinet de conseil Independant Chemical Information Service (ICIS). La baisse demeure en effet marginale pour les secteurs industriels. En parallèle, le prix du carbone est passé de 7 € par tonne en janvier à 25,5 € la tonne de CO2 équivalent à la fin décembre 2018.
Les auteurs ont analysé les facteurs à l’origine de la baisse des émissions. Et selon eux, « le prix du carbone n’a joué qu’un rôle minime dans la baisse des émissions ». Elle s’inscrit dans une dynamique « plus durable », en lien avec « trois grandes tendances depuis 2013 ». D’abord, la production d’électricité à partir de lignite diminue progressivement en Allemagne et en Pologne. Ensuite, le recul du charbon sur les six grands marchés, à l’exception de la Pologne. Et enfin, la hausse de l’électricité à base de gaz sur tous les marchés entre 2015 et 2016, bien que l’évolution soit plus hétéroclite depuis. Ainsi, il ne semble pas que les pays aient brutalement remplacé le charbon par le gaz. Les auteurs estiment que la baisse des émissions est avant tout due à « une augmentation continue de la production d’électricité à partir de sources renouvelables ».
Un bouleversement en perspective
Avec le marché européen du carbone, qui va s’appliquer sur la période 2021-2030, le volume des permis d’émettre mis aux enchères va considérablement diminuer. Avec la réserve de stabilité du marché (MSR), les choses vont changer entre 2019 et 2025. En absorbant les excédents de permis de CO2 accumulés par le passé, le marché va réduire « en moyenne 29% des enchères au niveau annuel, avec les effets les plus importants se produisant entre 2019 et 2021 », prévoient les auteurs. L’effet premier sera d’encourager directement la réduction des émissions en absence de quotas suffisants pour couvrir la demande. Le rapport prévoit ainsi un prix du carbone à plus de 40 € la tonne de CO2 en 2023.
Si des baisses d’émissions seront entraînées par des instruments politiques, comme la fermeture prévue des centrales à charbon, les subventions aux énergies renouvelables ou les politiques d’efficacité énergétique, « les prix du carbone détermineront quand et à quelle vitesse ces nouveaux investissements auront lieu ». En d’autres termes, les prix du carbone seront le catalyseur de la transition.
Des modifications importantes du marché à attendre
L’effet principal sera une augmentation des prix de l’électricité, en particulier dans les pays dépendant le plus des énergies fossiles comme la Pologne et l’Allemagne. Les prix sur le marché spot pourraient passer de 3 5€ par mégawattheure en 2018 à plus de 60 € en 2025 en Allemagne et en France. Ils atteindraient près de 70 € en Allemagne et plus de 70€ au Royaume-Uni et en Italie.
Les plus importants changements sont attendus au Royaume-Uni. Le rapport estime que le pays pourrait diminuer sa production électrique de 21 % entre 2019 et 2025 en raison de prix élevés du carbone. Le pays préférera importer l’électricité du continent plutôt que de produire avec des centrales au gaz. Les importations y augmenteraient alors de 200 %.
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