Les choses vont très vite au Ministère de l’écologie depuis quelques jours.
Le 13 juin dernier, la première ministre de l’Ecologie du gouvernement Ayrault, annonce avec le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg, une « remise à plat » de tous les permis d’exploration pétroliers et gaziers, dont ceux déjà accordés à Shell en Guyane, en attendant une refonte du code minier. « On est très attachés à la protection de la faune marine et de l’environnement, et nous n’avons aucune garantie quant à ça », justifie alors Nicole Bricq.
Depuis, Nicole Bricq n’est plus Ministre de l’écologie, et le pétrolier Shell va reprendre son activité d’exploration au large de la Guyane.
L’Elysée et Matignon ont finalement arbitré contre Nicole Bricq
Le sénateur Georges Patient et la députée Chantal Berthelot ont ainsi indiqué à l’Agence France Presse le 20 juin, après avoir rencontré le ministre des Outre-mer, Victorin Lurel, que le préfet de Guyane avait eu « l’autorisation de signer les arrêtés préfectoraux ».
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Ceux-ci autorisent la relance de la nouvelle campagne d’exploration du groupe Shell dans les eaux guyanaises. Il s’agit d’un camouflet pour Nicole Bricq, réfutée sur ses arbitrages.
Les écologistes, totalement solidaires de la décision de Nicole Bricq dans un premier temps, soupçonnent aujourd’hui le gouvernement d’avoir retourné sa veste et de céder à la pression du lobby pétrolier et de Shell en particulier.
De plus, ils estiment que les conditions nécessaires en termes de sécurité environnementale pour ce forage à grande profondeur ne sont pas réunies.
Du côté de Matignon et de l’Union française des industries pétrolières (Ufip), on s’étonne que Nicole Bricq ait pu vouloir suspendre des permis d’exploration accordés il y a plus de onze ans par le gouvernement Jospin. L’argent déjà investi par les pétroliers suite aux autorisations préalables rendrait tout retour en arrière impossible, selon l’UFIP qui ajoute également que ces suspensions ne sont pas prévues dans le cadre de la loi.
Des permis d’exploration accordés il y a plus de 11 ans
Quoi qu’il en soit, la refonte du code minier, inchangé depuis 1810, et qui régit l’exploitation du sous-sol français, notamment pour la recherche de gaz et de pétrole, était le premier chantier lancé par Nicole Bricq à son arrivée au ministère en mai. « Cette refonte est une priorité », a déclaré Delphine Batho, qui lui a succédé au Ministère depuis, dans un communiqué diffusé dans la nuit de vendredi à samedi.
C’est également l’avis du Président Hollande, qui l’a confié à Daniel Cohn-Bendit : « Il m’a dit […] que, de toute façon, il y aurait une nouvelle loi minière, donc sur les forages, et qu’en fonction de cette nouvelle loi, après serait réévaluée la situation en Guyane », a déclaré à la presse le coprésident du groupe écologiste au Parlement européen.
Ainsi, Nicole Bricq voulait suspendre les explorations en profondeur jusqu’à la modification du code minier. François Hollande préfère autoriser l’application des permis délivrés jusqu’à la modification du code minier.
A la vue des enjeux financiers, on comprend l’importance de cette distinction : Le coût total du projet, qui réunit Shell (45 %), Total (25 %) et Hardman Petroleum (27,5 %), a été évalué entre 4 et 8 milliards d’euros. Le site de Zaedyus pourrait contenir jusqu’à 300 millions de barils de pétrole.
Par Pierre THOUVEREZ
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