Décryptage

La Russie renforce scientifiquement ses revendications territoriales en Arctique

Posté le 17 juillet 2014
par La rédaction
dans Énergie

Au cours de la dernière décennie, des scientifiques russes sembleraient avoir accumulé de nouvelles évidences scientifiques pouvant justifier les revendications territoriales de leur pays sur certaines zones du plateau continental arctique riche en hydrocarbures.

La Convention des Nations Unies de 1982 sur le droit de la mer, que la Russie a signée en 1997, précise un certain nombre de notions apparues dans le droit coutumier, notamment de plateau continental, et définit les principes généraux de l’exploitation des ressources de la mer. En vertu de cette convention, si un pays apporte la preuve géologique que son plateau continental s’étend (même roche, continuité sans système de faille) au-delà de la limite des 200 miles nautiques, celle de la zone économique exclusive. Il peut revendiquer également une extension de ses droits souverains jusqu’à 350 miles y compris sur le fond de l’océan.

Les dorsales de Mendeleïev et de Lomonossov sont les deux piliers des prétentions actuelles de la Russie sur l’extension de la limite de son plateau continental jusqu’au pôle Nord. Si la Russie venait à prouver que ces deux dorsales étaient des extensions de son plateau, le pays recevrait le droit d’exploiter 1,2 millions de km2 supplémentaires dans l’Arctique et donc les énormes gisements de pétrole et de gaz situés dans le triangle dessiné par la péninsule de Tchoukotka, Mourmansk et Pôle Nord. La dernière revendication territoriale russe en date, soumis auprès de l’ONU fin 2001, concernait la seule dorsale de Lomonosov. Cette dorsale océanique de l’océan Arctique découverte en 1948 par une expédition soviétique, s’étend sur 1 800 km depuis les îles de Nouvelle-Sibérie jusqu’au large de l’île Ellesmere. La Norvège, le Canada, le Danemark et les Etats-Unis ont également revendiqué ce territoire.

L’enjeu est l’exploitation de vastes gisements d’hydrocarbures qui deviennent plus facilement accessibles sous l’effet du dérèglement climatique et de l’augmentation des températures dans cette zone qui conduit à une réduction de la calotte glaciaire. La Commission de limites du plateau continental de l’ONU n’avait pas accepté en décembre 2002 les revendications russes sur Lomonossov, sans toutefois les rejeter, au motif que « les questions géologiques et géophysiques n’ [avaient] pas été correctement étudiées ». Pour répondre à ces critiques, et poursuivre l’information de son dossier, l’Agence fédérale russe pour l’exploitation des sous-sols, Rosnedra, et le Ministère des ressources naturelles ont mobilisé et supervisé les activités des instituts de recherche russes ayant des compétences sur ce sujet.

L’objectif était de rassembler des preuves décisives que les dorsales en question ne sont pas formées par la croûte océanique et constituent donc une extension naturelle du continent eurasien. Au coeur de cet effort scientifique se situe l’Institut du pétrole, de géologie et de géophysique Trofimuk de la Branche sibérienne de l’Académie des sciences de Russie. Au printemps dernier, Valery Vernikovsky, l’un des géologues les plus en vue du pays et chercheur au Trofimuk, a affirmé avoir réuni avec ses collaborateurs suffisamment de données, notamment des échantillons recueillis lors de forages effectués à 2500 mètres, pour démontrer que les deux dorsales sont constituées d’une croûte continentale âgée d’environ 460 à 470.000.000 ans. Le ministre russe des ressources naturelles, Sergueï Donskoï, avait annoncé dans la foulée qu’il avait proposé au président Vladimir Poutine de soumettre une nouvelle demande à l’ONU dès cet automne, sur la base de ce nouvel argumentaire.

Source : http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/76323.htm


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