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La Russie découvre de gigantesques réserves d’or noir en Antarctique

Posté le 3 juin 2024
par Aliye Karasu
dans Énergie

511 milliards de barils de pétrole brut ont été mis au jour par la Russie dans une partie du continent austral. Cette nouvelle soulève néanmoins des interrogations quant à une possible extraction de ressources minières dans une zone placée sous protection internationale.

C’est un véritable trésor souterrain que la Russie a dévoilé. Selon les révélations du journal britannique The Daily Telegraph du 11 mai dernier, RosGeo[1] aurait identifié, fortuitement, un colossal gisement d’hydrocarbures, au large des côtes glacées de la mer de Weddell en Antarctique.

La trouvaille, réalisée grâce au bateau d’exploration russe Alexandre Karpinski, date de 2020 mais n’a été révélée que récemment par la presse britannique, sur la base de documents provenant du Comité d’audit de l’environnement (EAC) de la Chambre des Communes.

Si l’information suscite de l’agitation chez les députés britanniques, c’est parce que le Royaume-Uni revendique la zone en question, au même titre que le Chili et l’Argentine.

L’Antarctique, bien commun de l’humanité

Outre-Manche, les véritables intentions de la Russie sont questionnées par les députés qui soupçonnent des velléités d’exploitations minières. Selon eux, ces découvertes pourraient être le prélude à l’introduction d’appareils de forage pour l’extraction d’or noir dans cette région.

Si certains redoutent un contournement du droit international, c’est que cet immense continent de l’hémisphère sud est régi par le Traité de Washington sur l’Antarctique, entré en vigueur en 1961 et signé par plus de 50 pays. Celui-ci dispose que le continent blanc est un bien commun de l’humanité dédié à l’exploration scientifique et aux activités pacifiques. Ainsi, depuis 65 ans cette région du monde est la chasse gardée des scientifiques qui y effectuent de nombreuses recherches, notamment sur les gigantesques volcans présents.

Pour prévenir toutes autres ambitions, le protocole de Madrid, en vigueur depuis 1998, a interdit explicitement l’exploitation des ressources minières. Conclu pour cinquante ans, ce traité pourra subir des modifications à partir de 2048, qui prendraient éventuellement la forme d’une révision du cadre légal concernant l’ouverture de l’exploitation des hydrocarbures dans la zone.

Pour le moment, le sous-secrétaire d’État parlementaire pour les Amériques et les Caraïbes, David Rutley, a décidé de se montrer confiant vis-à-vis de la Russie puisque celle-ci assure ne mener des collectes de données sismiques qu’à des fins de recherches scientifiques. Il précise que la « Russie a récemment réaffirmé son engagement envers les éléments clés du traité ».

L’Antarctique au cœur des convoitises

Afin de mettre en perspective le volume avancé, précisons que 511 milliards de barils équivalent à 10 fois la production totale de la mer du Nord sur 50 ans ; c’est plus du double des réserves actuelles de l’Arabie saoudite. L’abondance de ressources (métaux, minerais, gaz, pétrole…) concentre les tensions dans l’hémisphère sud, à l’image de celles observées dans l’Arctique.

L’Antarctique se positionne donc au centre des enjeux énergétiques et peut rebattre les cartes géopolitiques mondiales. Parmi les pays qui souhaitent devenir des acteurs majeurs dans la région, citons la Chine, première consommatrice mondiale d’hydrocarbures, qui s’implique de manière croissante dans la région comme en atteste la quarantaine d’expéditions en Antarctique menée ces dernières décennies. Elle y possède, à l’instar de la Russie, un des plus grands nombres de stations de recherche. En février dernier, le pays du Milieu a lancé l’activité de la station Qinling, cinquième base de recherche chinoise en Antarctique.

Il n’en demeure pas moins que la découverte de ce gisement risque de repousser la date du fameux pic pétrolier…


[1] Organisme public russe chargé des études géologiques


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