Avec ses règles de calcul, la RT 2012 impose d’utiliser des pompes à chaleurs thermodynamiques ou un chauffage au gaz. Mais les baisses d’émissions de gaz à effet de serre ne sont pas forcément optimisées. Explications.
Le « tout électrique » est révolu dans les bâtiments neufs. On ne verra plus des convecteurs électriques dans chaque pièce de la maison associés à un cumulus électrique classique. En fixant une limite de consommation moyenne à 50 kilowattheures d’énergie primaire par mètre carré (kWhep/m2), la RT 2012 limite l’usage des convecteurs électriques traditionnels.
En effet, la méthode de calcul considère qu’1 Kwh d’énergie primaire équivaut à 0,387 Kwh d’électricté (un coefficient de 2,58 est appliqué) ce qui défavorise l’usage de l’électricité pour le chauffage et la production d’eau chaude.
Cette pénalité est due au mauvais rendement des centrales électriques et aux pertes durant le transport. Ainsi, pour une consommation située entre 40 et 50 kWh, la consommation électrique ne peut pas dépasser la fourchette 15,5- 23,2 kWh/m2.
Pour les autres énergies (gaz, fioul, réseau de chaleur, bois, etc.), aucun coefficient n’est appliqué.
Quand le gaz remplace l’électricité
Une maison à haute performance énergétique ne peut pas être chauffée par des convecteurs électriques traditionnels par effet Joule. Si l’on veut mettre des radiateurs électriques, il faut que ceux-ci soient intelligents, c’est-à-dire équipés de détecteurs de présence, d’un thermostat et qu’ils détectent les ouvertures de fenêtres. Ils seront complétés par un chauffe-eau avec pompe à chaleur intégrée ou un chauffe-eau solaire à appoint électrique.
Une autre voie pour le chauffage électrique passe par les pompes à chaleur géothermale sol/eau, air/eau ou air/air, fonctionnant à l’électricité et produisant du chauffage et de l’eau chaude sanitaire. Une belle part peut donc être donnée aux énergies renouvelables dans ces nouvelles constructions, en association avec une faible consommation électrique.
Mais les convecteurs électriques traditionnels sont majoritairement remplacés par du chauffage au gaz. Selon Bati études, un Institut de sondages de l’univers du bâtiment et de la construction, dès 2010, les professionnels ont commencé à anticiper la RT 2012, en abaissant rapidement la part du chauffage électrique dans les logements neufs. Ainsi, la part de marché du chauffage électrique dans les logements collectifs neufs est passée de 61,2% en 2009 à 21 % au premier semestre 2013. En parallèle, la part du gaz est passée de 33,5 % à 67,1 %. L’évolution est également nette dans les maisons individuelles groupées neuves : la part de l’électricité est passée de 58,1 % en 2009 à 39,6 % au premier semestre 2013. En parallèle, le gaz est passé de 38,6 % à 53,2 %.
Et les émissions de CO2 dans tout cela ?
Le fameux objectif des « 3×20 » retenu au niveau européen consiste à réduire de 20 % les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 1990, de porter à 20 % la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie finale de l’Union et de réduire de 20 % la consommation européenne d’énergie. La France s’appuie notamment sur les baisses de consommation dans le bâtiment et les transports pour essayer d’atteindre les objectifs de 2020 et le facteur 4 en 2050. Mais parallèlement à la baisse de consommation des bâtiments imposés par la RT 2012, elle n’impose pas l’utilisation d’énergies peu carbonées.
Pour contrer le réchauffement climatique, la priorité est bien la baisse des émissions de CO2. Les objectifs d’énergies renouvelables et de baisse de consommation d’énergie visent à diversifier le mix énergétique et diminuer les consommations de matières premières, mais surtout à lutter contre ce réchauffement. « Si l’on augmente la part des énergies renouvelables et que cela ne baisse pas les émissions de CO2, alors cela n’a aucun impact sur le réchauffement climatique », s’alerte Serge Lepeltier, ancien Ministre de l’écologie et du développement durable (2004-2005) et Ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique (2011 à 2013).
Si la RT 2012 entraîne bien une baisse des émissions de CO2 dans les constructions neuves, les résultats seraient encore plus importants si les énergies utilisées étaient peu carbonées. « Il faut que cette réduction de consommation d’énergie soit d’abord une réduction des émissions de carbone », précise-t-il.
« On choisit systématiquement le gaz sans se soucier si une solution à l’électricité aurait pu être aussi performante tout en produisant moins de CO2. Il faut absolument que cela change afin d’imposer une évaluation basée systématiquement sur les coûts économiques mais aussi sur les coûts environnementaux. » prévient-il.
La future réglementation thermique (la RBR 2020) donnera une belle part aux énergies renouvelables. Mais elle ne devrait entrer en application que vers 2020. Il sera alors trop tard pour respecter les engagements de 2020. Il faut donc réagir vite ! « Les textes réglementaires ne parlent pas « émission carbone. Il faut absolument les changer pour que cette réduction de consommation d’énergie soit d’abord une réduction des émissions de carbone », conclut Serge Lepeltier.
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