Les premières solutions qui se verront accompagnées par l’ADEME couvrent un large champs d’action. Elles visent à réduire l’empreinte écologique des infrastructures et à incorporer de nouveaux modes de production d’énergie dans la chaussée. Elles amélioreront également la conception des matériaux entrant dans la fabrication des routes et proposeront de nouveaux services pour réduire les coûts d’exploitation et d’entretien. Plusieurs démonstrateurs sont prévus d’ici 2020 sur ces différents projets.
Une route 100% recyclée
En 2016, seulement 17 % des matériaux utilisés pour la construction et l’entretien des routes étaient recyclés. Ils provenaient de la déconstruction d’anciennes infrastructures. Le projet « 100 % recyclée », porté par Eurovia vise à développer des matériaux contenant uniquement des produits recyclés. Et ce, afin de réduire l’utilisation des matières premières et les émissions de gaz à effet de serre et de polluants. L’objectif est d’atteindre des performances mécaniques identiques à celles des matériaux neufs, à un prix compétitif.
Le textile intelligent pour protéger des cavités
Le projet REGIC est porté par la PME Texinov en collaboration avec l’INERIS et le laboratoire 3SR (Sols, Solides, Structures, Risques). Il vise à développer et industrialiser une membrane géosynthétique intelligente qui viendra renforcer les sols situés au-dessus de cavités. Ce géosynthétique pourrait être d’une grande utilité dans des villes bâties sur d’anciennes carrières, comme Paris. Doté de capteurs, il permettra de détecter rapidement un affaissement ou un effondrement du sol, et sonnera l’alerte auprès de l’Ineris. Les professionnels pourront alors intervenir afin de corriger la structure et prévenir tout risque d’effondrement. Les premières ventes devraient démarrer en 2020.
La boîte à projets d’I-Street
Le consortium du projet I-Street regroupe Eiffage, Total, l’IFSTTAR et la PME Olikrom. L’idée est ici d’enclencher la transition des métiers de la construction routière et proposer de nouveaux produits et services. Là encore, les solutions cherchent à réduire les impacts environnementaux, tout en introduisant le numérique dans la conception et la construction routière. I-Street comporte six volets distincts, dans une approche intégrée. Nous noterons particulièrement le développement de chaussées modulaires, constituées d’éléments béton préfabriqués facilement manipulables. Rajoutons la mise en place de la maintenance prédictive des infrastructures, grâce à l’intégration de capteurs. Enfin, le projet développe des peintures photoluminescentes pour assurer la visibilité du marquage de la chaussée, en cas de mauvaises conditions météorologiques.
Novatherm propose son échangeur éthermique
La température à la surface d’une route peut atteindre les 60°C en été. L’objectif du projet Novatherm, coordoné par Eurovia est de récupérer cette chaleur grâce au développement d’un échangeur thermique en surface de la chaussée pour contribuer au chauffage des bâtiments en été. En hiver, l’échangeur alimenté par des énergies renouvelables (solaire, géothermie, biomasse) permettra de dégeler les routes ou de faire fondre la neige.
Par Matthieu Combe, journaliste scientifique
Dans l'actualité
- La route solaire suscite l’indignation de riverains en Normandie
- 2000 euros le mètre-carré : la route solaire normande de Ségolène Royal
- Route solaire Wattway : le temps de retour énergétique est « un réel défi pour les ingénieurs » (CNRS)
- Route solaire Wattway : une innovation peut à la fois être française et inefficiente
- « Solar serpent » : une route solaire qui élimine la pollution de l’eau, le bruit, et capture les particules fines
- La route solaire normande produit deux fois moins d’électricité que prévu
- La route solaire toujours en test
Dans les ressources documentaires