Depuis le 16 juillet 2013, plus besoin de dérogation pour les projets de recherches sur les cellules souches embryonnaires…
L’Assemblée nationale a autorisé la recherche sur les cellules souches embryonnaires, remettant la France dans la course. En effet, depuis 2004, les scientifiques français se heurtent à l’interdiction d’effectuer la moindre recherche sur les embryons. Cette décision prise lors de la révision de la loi de bioéthique de l’époque avait été reconduit lors des débats de 2011.
Néanmoins, une porte avait été laissée ouverte via l’Agence de biomédecine, seul organisme autorisé à délivrer une autorisation exceptionnelle. Depuis 2005, seuls 70 projets ont pu bénéficier de telles dérogations. Pas de quoi rivaliser avec les chercheurs du monde entier. Une situation dommageable tant le champ d’application concernant les cellules souches embryonnaires est important.
Pour rappel, les cellules souches embryonnaires (CSE) utilisées sont des cellules souches pluripotentes, c’est-à-dire capables de se différencier en cellules matures, comme des neurones, des cellules de la peau ou des cellules du foie par exemple. Les CSE proviennent des embryons surnuméraires de la procréation médicale assistée.
Travailler à partir de cellules prélevées sur des embryons fait grincer des dents les conservateurs et autres lobbys chrétiens. Simple amas de cellules ou être vivant, le statut de l’embryon est sujet à des débats enflammés. Les opposant à la recherche sur des cellules issus d’embryon avancent notamment l’existence de cellules adultes pluripotentes. Ces dernières ont été inventées par Shinya Yamanake en 2007, prix Nobel de médecine 2012 et peuvent être reprogrammées pour redevenir des cellules embryonnaires. Une méthode très délicate à mettre en œuvre, avec un taux de réussite inférieur à 5%. Les cellules embryonnaires ainsi obtenues ne sont pas non plus l’exacte copie de CSE.
Bref, rien ne vaut l’original !
Marc Peschanski, spécialiste des cellules souches à l’Inserm, se félicite de l’autorisation de la recherche sur les CSE, rappelant que la nécessité d’obtenir une dérogation nuisait aux financements, décourageant les investisseurs : « On pénètre dans le domaine de la recherche clinique avec de premiers programmes de thérapie cellulaire et de recherche pharmacologique. Nous sommes donc confrontés à des collaborations avec des responsables hospitaliers ou industriels pour lesquels la loi actuelle est incompréhensible. Elle ne permet pas de justifier les investissements importants. Et fait craindre les attaques en justice des groupes intégristes».
Les espoirs en thérapie régénérative sont forts. Imaginez. On pourra remplacer des cellules déficientes ou mortes par des cellules : greffe d’épiderme pour les grands brûlés, greffe de cellules musculaires dans un cœur abîmé par un infarctus, greffe de cellules pancréatiques pour rétablir le taux d’insuline des diabétiques, greffe de neurones pour des patients atteints de maladies dégénératives. De quoi redonner espoir à de nombreux malades.
Par Audrey Loubens, journaliste scientifique
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