Alors que jusqu’à présent la viabilité des projets photovoltaïques dépendait de tarifs d’achat (feed-in tarifs), l’électricité produite par la centrale de Talaván sera vendue sur le marché selon le régime ordinaire, c’est-à-dire le même que celui de l’électricité d’origine conventionnelle, fossile ou fissile.
Compte-tenu du gisement solaire local, particulièrement généreux, la centrale, qui occupera une surface de 7,5 kilomètres-carrés, produira environ 400 millions de kWh par an, assez pour répondre aux besoins électriques de 100 000 foyers. Gehrlicher Solar a déjà acquis les terrains nécessaires et dispose d’un point de raccordement sur le réseau électrique. L’entreprise s’est engagée à investir 250 millions d’euros dans ce projet pionnier dans le régime non subventionné. Un accord vient d’être signé avec le président du gouvernement de la région Extremadura, José Manuel Monago. L’étude topographique pour installer les panneaux solaires commence actuellement.
Gehrlicher Solar développe ce projet depuis un an, c’est-à-dire avant la mise en place du moratoire décidé par le nouveau gouvernement espagnol. Guillermo Barea, délégué de Gehrlicher Solar en Espagne, a indiqué que le groupe est resté discret concernant ce projet jusqu’à ce qu’il soit vraiment solide, ce qui est le cas à présent.
Un business-model novateur
Tous les contacts établis avec les banques pour le financement se sont révélés positifs, malgré les incertitudes inhérentes à ce projet au business-model novateur. Selon Guillermo Barea, la phase de construction de la centrale va générer 2163 emplois. Puis 105 emplois permanents seront créés pour la maintenance une fois la construction achevée. La première tranche, de 50 MW, entrera en service dès fin 2013.
Selon Red Eléctrica de España (l’équivalent espagnol de RTE), plusieurs centaines de MW sont actuellement en attente de raccordement en Espagne, ceci alors que le gouvernement espagnol ne subventionne plus le solaire photovoltaïque depuis quelques mois. Gehrlicher Solar n’est donc pas la seule entreprise à entrer dans cette dynamique en régime non aidé. Ceci constitue la démonstration que la filière photovoltaïque, de plus en plus mature, entre dans une nouvelle phase de son histoire.
Si les très grands projets deviennent compétitifs dans les régions bien ensoleillées, la situation est différente pour les projets plus modestes dans des régions moins ensoleillées, comme par exemple en France, où les subventions seront encore nécessaires durant quelques années pour accélérer la transition vers les énergies inépuisables.
Gehrlicher Solar, qui compte aujourd’hui 400 salariés du Brésil à l’Allemagne en passant par l’Inde et les USA, et qui appartient au top 10 des intégrateurs de systèmes photovoltaïques au niveau international, envoie cependant dès à présent un message fort et encourageant : un monde où l’énergie solaire sera aussi bon marché que les énergies sales approche à grands pas.
Par Olivier Danielo