« La pollution par les particules reste le plus grand risque externe pour la santé humaine au monde », estime l’Institut de politique énergétique de l’université de Chicago (Epic) dans un rapport publié fin août. L’objet de l’étude a été de comparer, sur la base de données collectées en 2021, les niveaux d’exposition aux particules fines (PM2,5) à travers le monde. L’institut les a ensuite comparées aux normes nationales, lorsqu’elles existent, ainsi qu’aux lignes directrices fixées par l’OMS à 5 μg/m³.
Verdict : le manque de politiques publiques ambitieuses entraîne au niveau mondial un recul de l’espérance de vie de 2,3 ans, calcule l’Epic. C’est plus que le tabac, plus de trois fois plus que la consommation d’alcool et de l’eau insalubre, et plus de cinq fois plus que les accidents liés aux transports.
Mais les défis liés à cette pollution dépendent largement des pays. Les trois quarts des impacts sur l’espérance de vie mondiale se concentrent dans six pays : le Bangladesh, l’Inde, le Pakistan, la Chine, le Nigeria et l’Indonésie. Le rapport souligne le manque d’information des populations et l’absence de normes portant sur la qualité de l’air dans ces pays.
Une absence internationale de soutien
Le Bangladesh est le pays le plus pollué aux particules fines, avec une concentration dans l’air moyenne de 74 μg/m³. Selon l’Epic, faire passer les niveaux de particules fines au Bangladesh à 5 μg/m³ pourrait faire gagner 6,8 ans d’espérance de vie aux Bangladais. La capitale de l’Inde, New Delhi, fait quant à elle figure de « mégalopole la plus polluée du monde », avec un taux moyen annuel de 126,5 μg/m³.
Alors que chaque année, 4 milliards de dollars sont consacrés à des fonds mondiaux pour lutter contre le VIH/SIDA, le paludisme et la tuberculose, il n’existe pas d’équivalent de ressources coordonnées pour la pollution atmosphérique, note Epic. « Et pourtant, la pollution de l’air réduit davantage l’espérance de vie moyenne d’une personne en RDC (République démocratique du Congo) et au Cameroun que le VIH, le paludisme et autres », partage l’étude.
Des progrès menacés
La situation est différente en Europe. La pollution de l’air y a baissé d’environ 23,5 % depuis 1998, peu après l’entrée en vigueur de la directive-cadre sur la qualité de l’air. La pollution y est désormais à moins de 15 µg/m³, ce qui lui permet de respecter sa propre norme, établie à 25 μg/m³. Pour autant, 98,4 % de l’Europe ne respecte toujours pas les lignes directrices de l’OMS. Il reste de profondes disparités : les résidents d’Europe de l’Est vivent 7,2 mois de moins que leurs voisins occidentaux en raison d’un air plus pollué.
Aux États-Unis, la pollution a même baissé de 64,9 % depuis 1970 grâce au Clean Air Act. La pollution aux particules fines y est inférieure à 10 µgm³, ce qui lui permet de respecter sa propre norme, établie à 12 μg/m³. Pour autant, 96 % des États-Unis ne respectent toujours pas les lignes directrices de l’OMS. La plus grande menace y est désormais les feux de forêt.
En 2021, 20 des 30 comtés les plus pollués des États-Unis se trouvaient en Californie en raison de l’impact des incendies de forêt. Le compté californien de Plumas a été le plus pollué en 2021 en raison des incendies, avec une concentration en particules fines de 26,6 μg/m³. Les habitants pourraient y gagner 2,1 ans d’espérance de vie si la qualité de l’air restait inférieure à 5 µg/m³, estime l’Epic. En ce sens, en entraînant une multiplication des incendies, le changement climatique constitue une nouvelle menace pour la pollution de l’air dans de nombreux pays.
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