Des chercheurs suisses affirment que près de deux millions de tonnes de microplastiques issus des peintures finissent dans les océans chaque année. C’est davantage que la pollution liée aux fibres textiles et aux poussières de pneus réunies.
Des chercheurs d’EA – Environmental Action, centre de recherche suisse spécialisé dans l’empreinte plastique, soulignent que les peintures pourraient être la principale source de pollution par les microplastiques des océans. En effet, dans son nouveau rapport L’environnement est peint de plastique, l’organisme estime que les peintures sont un contributeur majeur à la pollution plastique océanique.
Le rapport se base sur l’année de référence 2019 avec une demande mondiale en peintures de 52 millions de tonnes, comprenant 19,5 millions de tonnes de plastiques. La perte totale de peinture dans l’environnement est estimée entre 5,2 et 9,8 millions de tonnes par an (Mt/an), avec une moyenne de 7,4 Mt/an. Sur ce total, près de 2 millions de tonnes finissent dans les océans chaque année. Soit 58 % de l’apport total en microplastiques dans les océans, évalue le rapport. Le reste finit dans les sols.
Du plastique dans nos peintures et nos océans
« Les peintures modernes sont majoritairement constituées d’un liant à base de polymère plastique : 37 % en moyenne», explique EA – Environmental Action. Les microplastiques visés ici résultent de l’application, la rénovation et l’abrasion des peintures utilisées dans nos infrastructures, véhicules, bateaux, bâtiments, marquages routiers… Leur contribution dépasse celle des fibres textiles (522 000 tonnes) et de la poussière de pneus (424 000 tonnes).
Les sources de microplastiques liées à la peinture restent largement réparties géographiquement. En raison de sa plus grande population, la contribution la plus élevée aux pertes totales vient, comme pour la pollution macroscopique, de la région Asie-Pacifique (54 % des pertes totales).
Cité dans un communiqué, Declan McAdams, président de l’entreprise norvégienne Pinovo à l’origine de cette recherche, conclut : « Ce rapport doit être pris comme un signal d’alarme pour l’industrie de la peinture et ses clients chargés de l’entretien des revêtements de peinture. Les régulateurs nationaux et transnationaux, tels que la Commission européenne et l’Organisation maritime internationale (OMI), doivent prendre des mesures immédiates pour que les personnes travaillant avec de la peinture repensent leurs méthodes d’application, d’entretien et de traitement de cette substance en fin de vie. Il est important que l’industrie trouve des méthodes alternatives plus durables. Avec ces conclusions mettant en lumière l’ampleur de la pollution causée par la peinture, nous avons besoin d’un changement systémique dans la façon d’utiliser et gérer cette dernière. »
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