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La Norvège, très proche de ne vendre que des voitures électriques

Posté le 19 février 2025
par Nicolas LOUIS
dans Entreprises et marchés

Depuis de nombreuses années, la Norvège a mis en place plusieurs mesures pour inciter sa population à acheter des véhicules zéro émission, à commencer par l'exonération de taxes à l'import. Cette politique volontariste porte ses fruits puisqu'en 2024 près de 90 % des nouvelles immatriculations concernent des voitures électriques.

Alors qu’en Europe, les ventes de véhicules électriques peinent à décoller, un pays fait figure d’exception dans ce domaine : la Norvège. En 2024, 89 % des voitures particulières neuves vendues étaient électriques, selon le Conseil d’information sur le trafic routier (OFV), contre moins de 14 % dans l’UE. En janvier 2025, cette part est même montée à 96 %, soit tout proche de l’objectif de ne vendre que des voitures zéro émission cette année. Mais comment fait ce pays pour vendre autant de véhicules électriques, alors qu’il est un gros producteur d’hydrocarbures en Europe ?

Contrairement à l’UE, la Norvège n’a pas planifié l’interdiction des moteurs à combustion, mais a mis en place depuis de nombreuses années plusieurs mesures incitatives pour parvenir à cette transition énergétique. À commencer par une politique fiscale très favorable à l’achat, puisque les véhicules zéro émission neufs sont exemptés de taxes à l’import, au contraire des véhicules thermiques qui sont lourdement taxés. Jusqu’en 2022, les voitures électriques ont également bénéficié d’une exonération totale de la TVA, dont le taux s’élève à 25 % en Norvège. Depuis, cette TVA s’applique uniquement sur le prix du véhicule dépassant 44 000 euros.

En plus de ces mesures fiscales incitatives, qui sont les principales raisons du succès des voitures électriques dans le royaume du Nord, d’autres avantages ont été instaurés comme la gratuité des péages urbains et du stationnement dans les parkings publics, ainsi que la possibilité de conduire dans les couloirs de bus. Face au nombre croissant de ce type de véhicules, ces passe-droits ont été progressivement réduits ou annulés.

Ce pays scandinave a su en parallèle développer un réseau très dense de bornes de recharge. Il existe plus de 3 000 stations de recharge publiques dans tout le pays et plus de 9 000 chargeurs rapides. Même dans le nord de la Norvège, une région très étendue et peu peuplée, il est possible de se déplacer en voiture électrique, sans craindre de manquer d’autonomie. Ces bornes sont également faciles à utiliser, car nul besoin d’une application mobile ou d’un abonnement comme c’est le cas en France, il suffit de payer avec une carte bancaire.

Tesla domine les ventes avec une part de marché de près de 19 %

Le gouvernement a également joué un rôle primordial pour inciter sa population à franchir le pas en menant des campagnes de sensibilisation sur l’aspect économique en informant le public que l’achat de modèles électriques se révèle bien plus compétitif que les véhicules thermiques. Les autorités ont également mis en avant le potentiel des modèles électriques pour décarboner la mobilité. Ces voitures sont d’ailleurs jugées d’autant plus vertueuses que presque l’intégralité de l’électricité du pays provient de barrages hydrauliques.

Aujourd’hui, ces véhicules zéro émission sont devenus la norme dans le royaume scandinave et bénéficient d’un fort potentiel d’acceptation parmi la population. La qualité de vie des villes s’est améliorée grâce à une baisse de la pollution sonore et atmosphérique. Certains constructeurs automobiles bien connus dominent les cinq premières places des nouvelles immatriculations. Tesla s’adjuge la première position avec une part de marché en 2024 de près de 19 %, suivie par Volkswagen (11 %), Toyota (11 %), Volvo (9 %) et BMW (5 %). Le constructeur américain a consolidé sa présence dans ce pays plus rapidement que les marques chinoises, qui représentent un peu plus de 10 % du marché des voitures neuves.

Est-ce à dire que la Norvège peut devenir un modèle et s’exporter dans les autres pays européens ? Pas si sûr, car contrairement à la France, l’Allemagne, l’Espagne ou l’Italie, ce pays ne possède pas de site de production automobile, ni aucun lobby automobile avec lequel négocier pour inciter à la transition énergétique. Les autorités ont donc plus de marges de manœuvre pour mettre en place de véritables politiques incitatives afin de rendre l’achat de véhicules électriques très attractif.


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